Au sein de l’Istiqlal, les réactions au putsch du trio El Kihel, Bakkali et Benhamza contre Chabat se font de plus en plus virulentes, même parmi les détracteurs de ce dernier. Ainsi, rapporte le quotidien Al Akhbar dans son édition du lundi 21 août, les membres du comité exécutif appartenant au clan d’Ould Errachid ont dénoncé le ton utilisé, dans leur communiqué, par Abdelkader El Kihel, Adil Benhamza et Abdellah Bakkali, ton qui, affirment-ils, s’apparente beaucoup à du chantage.
Le clan d’Ould Errachid n'a, en effet, pas apprécié que les trois membres du bureau exécutif parlent de "troisième alternative", soit de l'existence d'un troisième clan au sein du parti et, donc, d'un nouvel adversaire potentiel pour Hamid Chabat et Nizar Baraka, soutenu par Ould Errachid et son groupe. En réalité, affirme le journal, les trois anciens proches collaborateurs de Chabat ne cherchent qu’à garder leurs positions au sein du parti. Ils auraient même entamé des négociations en ce sens avec le groupe d’Ould Errachid sans, toutefois, parvenir à leurs objectifs.
Les trois signataires du fameux communiqué de jeudi dernier s’étaient ainsi évertués à convaincre Hamid Chabat d’annoncer, dans un message vidéo public, son retrait de la course à sa propre succession. Mais Chabat s'était montré intraitable sur cette question et avait même fini par les mettre à la porte, affirme le journal. C’est donc suite à cet incident qu’ils ont décidé de recourir au chantage en diffusant ce communiqué dans lequel ils annoncent, entre autres, leur intention de mener des tractations au sein du parti pour «rapprocher les points de vues et faire émerger une vision qui représenterait une troisième voie dans les rangs de l’Istiqlal».
Abdessamad Qayouh, conseiller parlementaire, ancien ministre et, surtout, coordinateur du parti dans la région de Souss, cité par le journal, affirme avoir été interpellé par la référence, dans ce communiqué, à "une troisième voie" représentée, de surcroît, par des personnes qui n’ont aucun poids électoral et n’ont jamais pu se faire élire dans leur ville, province ou région.
Qayouh est d'ailleurs remonté jusqu'aux élections communales de 2009 pour prouver, chiffres à l’appui, l’inexistence d’une base électorale qui soutiendrait les trois membres du comité exécutif. Et, si Abdelkader El Kihel et Adil Benhamza ont pu être portés au Parlement, c’est grâce au mécanisme de la liste nationale. Abdellah Bakkali, lui, a hérité de la base électorale de Abbas El Fassi à Larache, ce qui lui a permis d’être élu en 2011. Cependant, lors des législatives suivantes du 7 octobre 2016, les 4.110 voix qu’il a remportées n’ont pu le porter au delà de la 8e place, précise le journal.