Q: Quel est le bilan de la gestion des flux migratoires en 2019?R: En 2019, le Maroc a renforcé son dispositif de lutte contre les réseaux de trafic, parce que la pression qu'on avait sentie en 2017 et 2018 est restée soutenue. Notre bilan est très positif puisqu'on a pu réduire les arrivées sur les côtes espagnoles d'environ 60%. Cela ne veut pas dire que la pression de notre coté a baissé. L'an dernier, environ 74.000 tentatives d'immigration irrégulière vers l'Espagne (contre 89.000 en 2018, ndlr) ont pu être avortées par nos services d'ordre. Ces flux irréguliers ont été réorientés, depuis quelques années, de la route centrale qui passait par la Libye, vers le Maroc. On a aussi démantelé 208 réseaux de trafiquants, contre 229 une année auparavant.
Q: Les aides apportées par l'UE et l'Espagne ont-elles contribué à cette baisse?R: Le Maroc a, pendant de longues années, travaillé avec ses propres moyens. Entre 2004 et 2015/2016, nous avons pu tarir les flux migratoires vers les côtes espagnoles de plus de 90%. En 2018, il y a eu cette pression et nous avons initié une coopération que nous estimons aujourd'hui très positive avec notre partenaire l'Union européenne. Elle s'est traduite par un appui en 2019 de 140 millions d'euros, dont 70 millions en appui budgétaire. C'est un début. Tout dernièrement nous avons signé un autre accord qui porte sur 100 million d'euros. Pour nous c'est un très bon démarrage puisque ça nous permet de travailler en étroite collaboration. Mais ce n'est pas suffisant. Le Maroc dépense plus que ce qu'il reçoit. Mais nous avons les assurances de nos partenaires européens qu'on est en train de nous inscrire dans une logique de partenariat gagnant-gagnant.
Q: Des associations des droits humains critiquent un durcissement, des démantèlements brutaux de campements et des arrestations arbitraires. Un commentaire?R: Notre action sécuritaire ne vise pas le migrant parce que nous estimons qu'il est une victime. Notre action vise surtout les réseaux de trafiquants de personnes qui n'hésitent pas à profiter de la vulnérabilité de ces migrants. Ils les exploitent et demandent toujours plus de fonds à leurs familles.