Le secret vient d’être levé sur le rapport du patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), présenté le 24 mai à huis clos dans le cadre d’une commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015. Et le moins que l’on puisse dire sur ce rapport, est qu’il est terrifiant.
Se disant «persuadé» que Daech «passera au stade des véhicules piégés et des engins explosifs», Patrick Calvar indique que cette organisation terroriste ne veut plus aller à la confrontation directe «avec un assaut et la mort au clef» comme cela a été le cas des attentats anti-Paris du 13 novembre 2015.
Dans le même rapport, le patron du contre-espionnage français exprime son inquiétude à l’idée de la transplantation, en France, du mode opératoire utilisé par Daech en Irak et en Syrie, théâtre de spectaculaires attentats aux voitures piégées, à l’instar de celui qui a secoué un quartier commerçant majoritairement chiite, Karrada, à Bagdad, avant les fêtes de la fin du mois de Ramdan, faisant 250 morts et plusieurs centaines de blessés.
Un scénario qui donne de grosses sueurs froides à la DGSI, tant et si bien que son patron s’est voulu alarmiste sur le retour en France de 400 à 500 combattants français d’origine marocaine, algérienne et tunisienne. «La menace la plus forte» reste celle qui émane d’individus «qui ont combattu», ou qui ont été «entraînés en Syrie et en Irak», à l’image «de ceux qui ont attaqué le Bataclan». «Ceux-là mèneront les actions terroristes d’ampleur (…) ils sont au nombre de 400 à 500», a-t-il alerté.
Cas Abaaoud: quand le patron de la DGSI reconnaît «un manque de visibilit黫Des milliers de Tunisiens, de Marocains et d’Algériens peuvent être projetés sur notre territoire», s’inquiète le patron de la DGSI. «Mon souci, c’est que je n’ai aucune visibilité sur les francophones issus d’Afrique du Nord qui, par des alliances linguistiques puis opérationnelles nouées là-bas –puisqu’ils ont combattu ensemble- peuvent s’engager dans un projet ou être désignés pour être partie prenante au même projet».
Le cas Abaaoud, tête pensante des attentats qui ont secoué Paris et Saint-Denis le 13 novembre 2015, s'inscrit dans ce schéma-là. Patrick Calvin soutient qu’il n’y avait aucun moyen de le «neutraliser avant qu’il agisse».
Il n’en demeure pas moins que sa localisation et sa neutralisation ont été permises, comme l’a bien précisé le président François Hollande dans un message au roi Mohammed VI, grâce à «l’assistance efficace» du Maroc. Les hommes de Hammouchi, patron du pôle sécuritaire DGSN-DGST, en aidant leurs homologues français à le localiser et neutraliser, en ce mémorable 18 novembre 2015, ont évité à la France un carnage supplémentaire spectaculaire.