La politique d'aide directe prônée par le gouvernement d'Abdelilah Benkirane à travers le Fonds d’appui à la cohésion sociale a été scrutée à la loupe par les magistrats de la Cour des comptes. En effet, l’instance dirigée par Driss Jettou a remis à la commission parlementaire de l’évaluation des politiques publiques un rapport détaillé sur le fonctionnement de ce fonds qui gère une manne financière de plus de 15 milliards de dirhams accumulés depuis 2012. Le sujet est tout naturellement repris par les journaux marocains dans leurs éditions du mercredi 29 novembre.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia titre «Les milliards de la cohésion sociale sans gouvernance». Le journal fait référence à l’une des critiques émises par la Cour des comptes au gouvernement Benkirane. À savoir que le fonds, qui gère les ressources financières de RAMED, Tayssir et «Un million de cartables», ne dispose pas de stratégie définissant de façon claire les objectifs, les personnes ciblées et les sources de financement.
Le rapport présenté devant les parlementaires mardi dernier fait état de plus de 6 milliards de dirhams en termes de dépenses. Et malgré l’excédent enregistré, la Cour des comptes pointe du doigt le manque de financement des programmes sociaux. Selon le rapport cité par Al Ahdath, les magistrats affirment que tous les programmes enregistrent des dysfonctionnements et une faiblesse de financement. Le rapport fait également état de l’absence de coordination entre les acteurs et les intervenants dans la gestion du fonds, en rappelant que les programmes concernés sont gérés dans un cadre conventionnel entre les ministères de l’Économie et des Finances, de la Santé et de l’Intérieur.
Pour Assabah, le travail de la Cour des comptes sonne comme un jugement pour le gouvernement Benkirane. Le quotidien écrit que Driss Jettou a mis à nu les multiples dysfonctionnements de ce fonds, lancé en grande pompe et à coups de slogans, mais en l’absence de contrôle strict des décaissements d'un budget de plusieurs milliards de dirhams.
Assabah souligne l’absence de critères de sélection des bénéficiaires, des procédures et des justificatifs, relevée par la Cour des comptes et reconnue par le ministère des Finances dans sa réponse aux magistrats. Autre grief: l’inexistence d’un système informatique intégré permettant la centralisation des données relatives aux opérations réalisées dans le cadre du Fonds d’appui à la cohésion sociale. Ceci a d'ailleurs posé problème à la Cour des comptes qui a eu du mal à accéder à l’information.