Fin de l’exemption de visa pour les dignitaires algériens: Paris officialise sa décision

Le président français Emmanuel Macron (à gauche) et le président algérien Abdelmadjid Tebboune en marge du sommet du G7 organisé par l'Italie, au complexe de Borgo Egnazia, à Savelletri, le 14 juin 2024.

Le président français Emmanuel Macron (à gauche) et le président algérien Abdelmadjid Tebboune en marge du sommet du G7 organisé par l'Italie, au complexe de Borgo Egnazia, à Savelletri, le 14 juin 2024.. AFP or licensors

La France a acté, le mardi 19 août, la fin de l’exemption de visas pour les passeports diplomatiques algériens. Un coup politique sévère pour le régime d’Alger.

Le 21/08/2025 à 18h24

L’affaire est désormais scellée. Dans un avis publié au Journal officiel en date du 19 août 2025, le gouvernement français a acté la suspension de l’accord bilatéral signé à Alger le 16 décembre 2013. Cet accord, qui permettait aux titulaires de passeports diplomatiques et de service algériens de se rendre en France sans visa, est désormais caduc.

Le processus avait commencé dès le printemps. Le 11 mai, Alger avait décidé unilatéralement de cesser d’appliquer l’accord. Cinq jours plus tard, Paris réagissait en cessant à son tour d’accorder cette exemption, invoquant le principe de réciprocité. Mais il manquait encore l’acte solennel. Le 19 août, c’est chose faite. Et la date restera comme celle où la France a choisi de clore, sans retour en arrière possible, un privilège diplomatique vieux de douze ans.

«La République algérienne démocratique et populaire a cessé d’appliquer à compter du 11 mai 2025 l’accord entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République algérienne démocratique et populaire sur l’exemption de visas de court séjour pour les détenteurs d’un passeport diplomatique ou de service, signé à Alger le 16 décembre 2013 et publié par décret n° 2014-1003 du 4 septembre 2014», peut-on lire dans l’avis publié au Journal officiel.

Puis, vient la réplique française, nette, sèche, sans fioritures: «En vertu du principe de réciprocité, cet accord a également cessé de s’appliquer en France à compter du 16 mai 2025.»

«En application de l’article 8 de l’accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République algérienne démocratique et populaire sur l’exemption de visas de court séjour pour les détenteurs d’un passeport diplomatique ou de service, signé à Alger le 16 décembre 2013, la suspension de l’accord précité, notifiée par la France, a pris effet le 7 août 2025», indique l’avis.

Le 6 août, le signal de Macron

Début août, Emmanuel Macron, rappelons-le, adressait à son Premier ministre une lettre où le ton ne laissait aucun doute. La France doit «agir avec plus de fermeté et de détermination» envers le pouvoir algérien, écrivait-il. Dans ce courrier, le président réclamait explicitement la suspension formelle de l’accord de 2013, mais aussi une stratégie plus globale pour répondre aux blocages et aux refus répétés d’Alger. Le texte avait valeur de feuille de route. Treize jours plus tard, l’avis publié au Journal officiel en est la traduction concrète.

Signé dans un contexte d’ouverture en 2013, l’accord visait à fluidifier les échanges entre diplomates et hauts fonctionnaires, à simplifier des voyages qui, pour les élites, se voulaient symboles de coopération. Mais le climat a radicalement changé. Les contentieux mémoriels n’ont cessé de ressurgir, la coopération migratoire est devenue un terrain de confrontation, et les blocages politiques se sont multipliés. L’arrestation d’intellectuels, le refus de réadmettre ses ressortissants en situation irrégulière et la multiplication des signes d’hostilité ont fini de convaincre Paris que cet accord ne correspondait plus à la réalité de la relation. L’Algérie a donné le premier coup de canif. La France a choisi de transformer cette brèche en rupture nette.

La réaction algérienne est à la mesure du désarroi. Après l’annonce des mesures françaises début août, le régime a balbutié. Un communiqué, long et confus, est venu dénoncer les décisions de Paris, dans un langage juridique et défensif. Le ton n’était pas celui de la riposte vigoureuse, mais celui d’un embarras mal contenu. Car Alger sait qu’il s’agit là d’un coup porté à ses propres élites, celles qui, justement, bénéficiaient directement de ce privilège diplomatique.

Par Hajar Kharroubi
Le 21/08/2025 à 18h24