Exportations: une "union sacrée" contre l'entrée de la tomate marocaine en Russie

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Revue de presseKiosque360. Les pays de l’Union économique eurasienne (UEEA) essayent de faire pression sur la Russie pour interdire l’importation de la tomate marocaine. Les producteurs de l’UEEA justifient cette demande par une concurrence déloyale, avec un prix de vente trop bas du produit marocain.

Le 18/08/2020 à 22h00

Les producteurs de fruits et de légumes de l’Union économique eurasienne (UEE) ont demandé à la Russie d’interdire l’importation des tomates marocaines. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du mercredi 19 août, que les membres de l’UEEA (Arménie, Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizistan, Russie) justifient cette demande par le prix de vente trop bas de la tomate marocaine. Un prix de vente, disent-ils, qui ne couvre même pas le coût de revient de la production locale qui, du coup, se trouve confrontée à une concurrence «déloyale». L’UEEA souligne que la décision d’interdire ou de réduire, pendant deux mois, les quantités de tomates importées, a été dictée par le déferlement sur les marchés locaux de ce légume-fruit en provenance non seulement du Maroc, mais aussi de la Turquie. 

Dans une lettre adressée au ministère de l’Agriculture russe, les membres de l’UEEA soulignent que les importations des tomates concurrencent grandement la production locale. Et pour cause, poursuivent-ils: les conditions climatiques des deux pays précités permettent la culture de ce légume dans les champs à moindres frais. Par contre, expliquent les mêmes intervenants, la tomate, cultivée sous serre dans les pays de l’UEEA, nécessite beaucoup d’électricité pour l’éclairage et la ventilation. Curieusement, cette même institution impute la forte baisse du prix de vente au détail de la tomate à d’autres facteurs que ceux liés à l’importation. L’UEEA évoque notamment la période de confinement imposée par la pandémie de coronavirus, la dépréciation du rouble et le recul sensible de la demande pour les légumes et fruits.

Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte que, pour limiter les répercussions des importations de tomates, l’UEEA a réclamé la taxation de leur valeur de 80%. Cette mesure, préconisée par les producteurs dans la lettre adressée au ministère de l’Agriculture russe, permettra, selon eux, de concurrencer les importateurs et de fournir aux populations des produits locaux. Dans une première réponse, ce département estime que l’interdiction de l’importation des tomates marocaines ne contribuera pas au renforcement de l’économie locale. Bien au contraire, ajoute ce ministère, une décision de ce genre constitue une violation des engagements de la Russie envers l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Du coup, il a été procédé à la constitution, au sein de l’UEEA, d’une commission chargée d’évaluer les quantités de tomates importées, ainsi que le préjudice supposément subi par les producteurs locaux.

Par Hassan Benadad
Le 18/08/2020 à 22h00