La boucle est bouclée en première instance. Le verdict condamnant les accusés dans le cadre des événements de la ville d’Al Hoceima est tombé. Les regards sont désormais braqués sur la Cour d’appel, dans l’espoir d’une réduction de peines estimées lourdes par la défense, les familles des prévenus et nombre d’observateurs. Ainsi, les quatre meneurs du «hirak», dont Nasser Zefzafi, ont écopé de 20 ans de réclusion criminelle, rappelle Al Akhbar dans son édition de ce jeudi 28 juin. Le quotidien, qui ne commente pas les sentences, rapporte les verdicts et les chefs d’accusation retenus contre les prévenus, chacun en ce qui le concerne. Il s’agit, précise le quotidien, «d’atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat», de «tentatives de sabotage, de meurtre et de pillage», de «préparation d’une conspiration contre la sécurité intérieure du royaume», de «réception de fonds et d’autres moyens matériels destinés à mener et à financer une activité de propagande à même d’attenter à l’unité, la stabilité et la souveraineté du pays», de «volonté d’ébranler la loyauté des citoyens envers l’Etat et les institutions nationales», de «l’organisation d’une manifestation non autorisée et de rassemblements publics sans autorisation», d'«attroupement armé», d'«offense et violence à l’encontre des forces publiques ayant causé des blessures avec préméditation, la désobéissance armée, la détérioration de véhicules et de biens publics».
Le rappel des chefs d’accusation et des verdicts a été également effectué par Assabah, dans son édition du même jour. Le quotidien, qui dépeint l’atmosphère régnant à l’intérieur de la salle N° 7 qui abritait le procès et dans l’enceinte de la Cour d’appel au moment où le magistrat, Ali Ettarchi, prononçait les verdicts, fait savoir que «les familles des inculpés n’ont pas pu retenir leurs larmes et se sont évanouies sur les lieux, dénonçant la lourdeur des sentences» que certaines ont qualifiées «d’injustes».
Dans des déclarations au quotidien, deux avocates de la défense ont également estimé que «les sentences étaient lourdes d’autant que, tout au long du procès, rien ne condamnait les prévenus hormis leurs mouvements de colère et leurs manifestations dans les rues de la ville». Dans le même sillage, la défense a lié la nature des verdicts à une politisation de l’affaire qui sape l’indépendance de la justice.
Cette affaire a également retenu l’attention de la rédaction d’Al Ahdath qui rapporte, dans son édition de ce jeudi 28 juin, que «les accusés dans le cadre des événements d’Al Hoceima ont été condamnés à la prison ferme après un procès marathon de pas moins de 90 audiences». Le quotidien, qui rappelle les plaidoiries des avocats de la défense et les répliques du représentant du ministère public tout au long du procès, pointe du doigt «les manipulateurs» des accusés dans ces événements. «AL Hoceima…. Ceux qui induisaient en erreur Aïcha devaient être contents», écrit le quotidien en se référant à cet adage populaire marocain qui résume l’histoire de «personnes qui promettaient monts et merveilles à une fille pour l’empêcher d’accepter la demande en mariage qui lui avait été présentée et la laisser finalement esseulée».
De même, Al Massae se penche sur ce procès qui a si longtemps tenu en haleine l’opinion publique nationale. «La justice distribue environ trois siècles sur les détenus du hirak du Rif», titre le quotidien qui rappelle également les sentences et les chefs d’accusation retenus contre chacun des accusés, au nombre de cinquante. Les réactions rapportées par le quotidien soulignent la lourdeur des sentences et l’espoir d’une réduction des peines en appel ou d'une grâce royale pour tourner définitivement cette page.
Le ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme, Mustapha Ramid a ainsi formulé l’espoir de voir plus de justice en appel. «L’affaire sera réexaminée devant la Chambre criminelle en appel. A ce stade, la Cour est composée de cinq magistrats plus compétents et plus expérimentés que leurs homologues en première instance. J’espère que les sentences seront plus justes et plus équitables pour renforcer la confiance en la justice», a-t-il déclaré. Mohamed Boudra, leader du Parti authenticité et modernité, a aussi qualifié les peines de "lourdes" et formulé le souhait d’une grâce royale pour clore cette affaire. Une affaire qui fait également la Une du quotidien Akhbar Al Yaoum qui résume la lourdeur des sentences en un mot: «choc». Le quotidien a donné la parole à des leaders politiques et acteurs de la société civile pour commenter les verdicts prononcés à l’issue de ce procès. Tous s'accordent à dénoncer la «lourdeur des peines». Quoi qu’il en soit, l’affaire sera réexaminée en appel.