Michael Lund Jeppesen, ambassadeur du Danemark au Maroc depuis un an et demi déjà, vous êtes aussi accrédité en Tunisie et en Mauritanie. Parlez-nous de votre bilan au Maroc...
Avant de rejoindre notre ambassade à Rabat, j’étais en charge du département MENA au ministère des Affaires étrangères à Copenhague. J’ai donc développé une connaissance assez large de la région, ce qui m’a permis de bien préparer mes objectifs en venant au Maroc. En 2006, nos deux gouvernements ont signé un accord bilatéral de partenariat pour le soutien à la mise en place des réformes dans les domaines des droits des femmes, du dialogue social, et des jeunes. Cela fait partie du programme de partenariat dano-arabe mis en place par mon pays pour, entre autre, renforcer le dialogue avec les pays de la région. Mon action s’inscrit dans la continuité de celle de mes prédécesseurs. Nous avons donc pu organiser une visite pour la princesse héritière Mary, en septembre 2013, afin de soutenir les ONG actives dans la lutte contre la violence à l’égard des femmes. La Fondation Mary a par la suite donné son soutien à des activités pour améliorer le soutien juridique aux femmes victimes de violences. J’ai, aussi, activement encouragé les partenaires danois et marocains à développer d’avantage leur coopération dans les zones rurales afin de soutenir particulièrement les femmes, qui souffrent d’éloignement des services de bases. De plus, je n’ai pas ménagé mes efforts auprès de notre ministère, en coordination avec notre chargé de coopération, Reda Bajoudi, pour la continuité de notre programme sur les alternatives à l’emprisonnement au Maroc. Depuis mon arrivée au poste d’ambassadeur, j’ai aussi pour objectif de renforcer la présence danoise dans les secteurs des énergies renouvelables, et de l’efficacité énergétique afin de promouvoir le savoir-faire et l’investissement danois. Cela rejoint la politique du Maroc visant à augmenter la capacité en énergie renouvelable à 42% d’ici 2020. Je souhaiterais préciser qu’il y’a plus de 10.000 Marocains résidants au Danemark, et qu’un premier accord diplomatique entre nos deux pays a été signé il y a plus de 250 ans avec l’établissement du Consulat danois à Essaouira. Notre ambassade vise au rapprochement entre les deux cultures en soulignant le partage des valeurs humaines.
Vous avez récemment participé au Forum Mondial des Droits de l’Homme à Marrakech lors d’un atelier de lutte contre la torture. Pouvez-vous nous en parler?
L’ONG Danoise Dignity et le Centre Restart qui sont actifs dans la lutte contre la torture ont en effet organisé un atelier sur ‘la visite des lieux de détention et la lutte contre la torture’ en collaboration avec le Conseil national des droits de l’Homme. J’ai participé au lancement de cet atelier en marge des activités du FMDH et nous avons exprimé notre satisfaction quand à la ratification par le Maroc du protocole facultatif à la convention contre la torture. Ceci, pour nous, est un engagement important du Royaume dans le combat contre la torture. Le CNDH reste une pièce maîtresse dans tous ce processus, et notre collaboration durera vu que nos deux pays ont lancé une initiative globale pour la ratification du protocole en collaboration avec le Chili, le Ghana et l’Indonésie. Cet atelier a permis à plusieurs intervenants de la société civile, des administrations, ainsi que des institutions des droits de l’homme dans le monde de se pencher sur la problématique des femmes prisonnières. Elles restent l’une des populations les plus vulnérables en détention étant donné leurs besoins spécifiques qui demandent plus d’attention. Il ne faut pas oublier que les prisons en général, ont été mise en place et gérées par des hommes pour l’homme, ce qui fait que les femmes, en tant que détenues, se trouvent dans une situation plus vulnérable. Cela touche leur dignité, leurs bien-être et leurs droits humains les plus élémentaires. Les règles des Nations unies concernant le traitement des femmes, plus connue sous le nom de règles de Bangkok, ont été émises afin d’apporter une réponse à travers des standards internationaux. Les alternatives à l’emprisonnement peuvent représenter une solution pour les groupes les plus vulnérables en prison, en leur permettant de purger leur peine au sein de la société et de réduire le nombre de prisonniers pour améliorer les conditions de détention. Au Danemark, nous y avons eu recours pendant les 20 dernières années, et nous partageons cette expérience avec le ministère de la Justice au Maroc.