Le fossé qui sépare le chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, et le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, ne cesse de se creuser, notamment en ce qui concerne la question des organes chargés de distribuer l’aide aux couches défavorisées. On s’attend, en effet, à ce qu’un décret déclenche une guerre autour de l’utilisation à des fins électorales de la subvention directe de l’Etat en faveur des personnes en situation de handicap. Au moment où le ministère de l’Intérieur s’est vu attribuer la gestion du Registre national dédié aux couches nécessiteuses, le chef du gouvernement a demandé à la ministre de la Solidarité, Jamila El Moussali, de préparer une étude sur la méthodologie à adopter pour venir en aide aux handicapés. Ce mandat nécessite un regard sur l’expérience des pays voisins dans ce domaine, avant l’élaboration d’un texte de loi. Une approche conforme à la loi-cadre relative aux personnes handicapées. Selon certaines sources, l’opposition du ministère de l’Intérieur a contribué à la suspension de ce projet, fruit d’une étude finalisée il y a plus d’un mois.
Cette étude a été présentée à la primature sans être passée par le Conseil du gouvernement pour approbation. Le chef du gouvernement a, en effet, été informé de l’éventuelle incompatibilité de l’aide de l’Entraide nationale avec la subvention que va réserver l’Etat aux couches nécessiteuses, sur la base des données du Registre social unifié des catégories pauvres. La ministre de la Solidarité n’en est pas décontenancée pour autant et affirme, sans ambages, que l’institution de l’Entraide nationale est un acteur de référence dans le domaine de l’aide sociale. D’autant, ajoute-t-elle, que cet organisme connaît un processus de modernisation visant l’amélioration des services accordés aux catégories ciblées.
Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du lundi 6 janvier, que la ministre El Moussalli, qui présidait le conseil d’administration de l’Entraide nationale, a indiqué que ce processus visait à revoir la philosophie de la protection sociale. Un concept qui tend à améliorer les services fournis, surtout après la création du Fonds d’appui à la cohésion sociale et l’attribution à l’Entraide nationale de la gestion du volet relatif aux services accordés aux personnes en situation de handicap. Du coup, la ministre a mis l’accent sur la nécessité de garantir à cette institution les conditions organisationnelles, financières et institutionnelles qui lui permettront de consolider sa position dans Le domaine social. Autant dire que le département de la Solidarité tient à ce que l’Entraide nationale garde toutes ses prérogatives.