Élections: le PJD craint un vote-sanction de ses bases

Saâd-Eddine El Othmani, secrétaire général du Parti de la Justice et du Développement (PJD, coalition). 

Saâd-Eddine El Othmani, secrétaire général du Parti de la Justice et du Développement (PJD, coalition).  . DR

Revue de presseKiosque360. Des voix au sein du PJD appellent les militants à boycotter les élections ou à opter pour un vote-sanction contre les candidats islamistes. Le patron du parti, Saâd-Eddine El Othmani, a d’ailleurs été contrarié par les propos d’Abouzaid, qui a affirmé que les Marocains ne voteraient pas pour le PJD.

Le 23/02/2021 à 22h15

Le secrétaire général du PJD et chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, a exprimé son mécontentement face à la multiplication des voix appelant, au sein de son parti, à boycotter les élections ou à opter pour le vote-sanction contre les candidats islamistes. Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du mercredi 24 février, qu’El Othmani visait notamment les membres «perpétuels» qui ne seront pas accrédités pour participer aux différentes échéances électorales. Des sources proches du parti indiquent que le patron du PJD a été exaspéré par les critiques acerbes tenues à son encontre par El Mokrie El Idrissi Abouzaid. 

Le bouillonnant dirigeant l’accuse d’avoir renié les positions et les principes du parti, ainsi que les slogans qu’il a, à maintes reprises, entonnés à de nombreuses occasions. Abouzaid n’y est donc pas allé avec le dos de la cuillère et a affirmé que les Marocains ne voteraient pas pour les candidats du PJD, à moins qu'ils n'aient perdu la mémoire. Il est aberrant de constater, poursuit-il, que les dirigeants du parti ont retourné leur veste dès leur arrivée au pouvoir. «Comment ces dirigeants vont-ils affronter leurs électeurs lors des prochaines échéances, alors qu’ils ont renoncé à leurs principes?», ajoute-t-il.

Le quotidien Assabah rapporte que le «leader» des islamistes, Abdelilah Benkirane, a émis les mêmes critiques que celles d’Abouzaid, avec cet art de l’insinuation et de l’équilibrisme qu’il affectionne tant. L’ancien patron du PJD a, certes, accusé certains dirigeants de son parti d’avoir renoncé à leurs principes en réintroduisant l’enseignement de la langue française dans les matières scientifiques et en s’empressant de justifier la normalisation avec Israël. Mais, en parfait équilibriste, il change de ton quand il parle en tant qu’homme qui connaît bien les coulisses et les exigences du pouvoir. C’est ainsi qu’il a demandé aux militants récalcitrants de son parti de se mobiliser derrière le roi Mohammed VI après la reconnaissance de la marocanité du Sahara par les Etats-Unis et la signature de l’accord tripartite Maroc-USA-Israël. 

Autant dire que, pour l’ex- chef du gouvernement, c’est l’intérêt de la nation qui prime, même s’il demeure quelque peu circonspect concernant le rétablissement des relations avec Israël: «Le PJD attend de voir comment ce rétablissement des liens va se transformer. Nous jugerons alors les faits», a-t-il affirmé. C’est aussi en homme d’Etat qu’il fait passer l’intérêt du pays avant celui du parti en disant que la défense de la nation prime sur toute autre considération et qu’il ne faut pas reprocher à Saâd-Eddine El Othmani d’avoir signé l’accord tripartite.

Par Hassan Benadad
Le 23/02/2021 à 22h15