Depuis quelque temps déjà, le parti islamiste est en guerre contre le ministère de l’Intérieur. Motif de cette guerre préélectorale: le PJD veut suspendre les poursuites judiciaires engagées contre ses élus à la tête des différentes communes, pour mauvaise gestion et dilapidation des biens publics. Le PJD, écrit le quotidien Al Akhbar dans son édition du lundi 5 juillet, accuse ainsi le ministère de l’Intérieur d’avoir engagé des poursuites judiciaires et lancé des procédures de révocation contre plusieurs présidents de communes sur la base de «plaintes malveillantes» et pour des raisons purement électorales. C’est, Noureddine Boubker, président de l’association «Avocats pour la justice», qui revient à la charge, note le quotidien. Des procédures sont en cours devant les tribunaux contre les présidents de communes appartenant au PJD, surtout dans la région de Draâ-Tafilalet, confirme-t-il. D’après le président de l’association des avocats du parti islamiste, le ministère de l’Intérieur, à travers les autorités locales, «a joué un rôle pivot dans le déclenchement de ces poursuites». L’avocat islamiste laisse entendre que ces poursuites judiciaires seraient motivées par des considérations purement politiques. Elles n’auraient donc rien à voir avec la dilapidation des biens publics, principal chef d’inculpation retenu contre les mis en cause. Plus encore, prétend-il, les agents de l'autorité locale, et notamment les services de la Direction des affaires générales (DAG), s’impliqueraient directement dans la gestion des affaires communales et exerceraient des pressions sur les élus, allant même jusqu’à les menacer de manière tout à fait illégale. Le juriste du PJD, poursuit Al Akhbar, affirme avoir été personnellement témoin de certains cas de ce genre, notamment dans la province d’Errachidia et à Rich. Noureddine Boubker parle également, toujours selon Al Akhbar, de cas de pressions exercées sur les élus du PJD, cette fois pour les persuader de renoncer à se porter candidat aux prochaines élections du 8 septembre, sous la bannière du parti islamiste. Il fait aussi état de cas d’abus de pouvoir contre les élus islamistes dans cette région où, prétend-il, ils jouissent d’une grande popularité. Cela dit, poursuit le quotidien, pour Mohamed El Ghalloussi, président de l'Association marocaine de protection des biens publics, les récentes sorties des dirigeants du PJD, dans lesquelles ils appellent à surseoir aux poursuites judiciaires contre les élus de leur parti, sont pour le moins étonnantes. Il est inconcevable, poursuit-il, que l’on demande à la Justice de suspendre des procès en cours. C’est grave, s’indigne-t-il. Cela veut tout simplement dire, poursuit El Ghalloussi, qu’il existe deux catégories de Marocains: ceux qui sont soumis à la loi et ceux qui sont au-dessus de la loi et qui ne peuvent être poursuivis en justice que lorsque leur parti, celui même qui dirige actuellement le gouvernement, le juge opportun. Les procédures judiciaires engagées contre les élus du PJD doivent suivre leur cours, affirme El Ghalloussi. Ce que fait le PJD est, ni plus ni moins, qu'une tentative d’influencer le cours de la justice dans des affaires impliquant ses élus. Et cela est inacceptable. Partant de là, les déclarations et sorties médiatiques des dirigeants du PJD qui appellent à la suspension de ces procès exposent leurs auteurs à des poursuites judiciaires.
Par Amyne Asmlal
Le 04/07/2021 à 20h34