Lors des dernières élections professionnelles, plus de la moitié des nouveaux représentants des travailleurs ont été élus sur des listes indépendantes. Le nombre est en hausse par rapport aux échéances de 2015. C’est un indicateur qui inquiète, d’autant que la possibilité de se présenter sur une liste indépendante est également prévue pour les élections locales, régionales et même législatives, écrit l’hebdomadaire La Vie éco dans son édition actuellement en ligne. Faut-il s’en inquiéter? s’interroge l’hebdomadaire. A priori non, le phénomène étant récurrent dans tous les scrutins depuis l’indépendance du Maroc. Il a atteint un niveau alarmant pendant une certaine période, puis, au terme de plusieurs réformes des lois électorales, il revient à une dimension tolérable.
Sauf que cette année, d’après plusieurs observateurs, la scène politique risque de renouer avec cette pratique. La raison en est, d’abord, que le changement du quotient électoral offre plus de chances qu’auparavant à un candidat de se faire élire sur une liste indépendante. Ensuite, comme l’ont fait des ex-militants de l’USFP en 2015, certains «anciens» militants et cadres du PJD s’apprêtent à se présenter en indépendants lors des échéances du 8 septembre. Dans certains milieux, souligne l’hebdomadaire, on parle même d'une tactique que le PJD aurait l’intention de mettre en œuvre pour compenser un éventuel échec électoral. Il s’agit de présenter d’«anciens» militants du parti dans des villes où il a remporté plus d’un siège par le passé, et où il n’a plus aujourd’hui la chance de réaliser une telle prouesse à cause du nouveau quotient électoral.
Que gagnerait le parti? Pas grand chose en fait. En effet, souligne l’hebdomadaire, un mandataire d’une liste indépendante ne pourra jamais prétendre à devenir président de commune ou de région. Le seul cas où il peut se porter candidat à ce poste, c’est lorsque sa liste remporte plus de sièges que le parti arrivé en cinquième position. Ce poste est, en effet, réservé, selon la loi, aux candidats appartenant aux cinq partis arrivés premiers aux élections. C’est ce que prévoient, d’ailleurs, l’article 9 de la loi organique 111-14 relative aux communes et l’article 11 de la loi organique 111-14 relative aux régions.
Si pratiquement aucune contrainte n’est imposée à une candidature libre pour les élections locales et régionales, la situation se corse lorsqu’il est question des élections législatives. En effet, précise La Vie éco, selon l’article 23 de la loi organique relative à la Chambre des représentants, les listes de candidatures présentées par des candidats sans appartenance politique (SAP) doivent être accompagnées de leur programme, de l’indication de l’origine du financement de leur campagne électorale et surtout d’une liste de signatures. Cette liste doit comporter 200 signatures au moins, par siège attribué à la circonscription, dont 80% de signatures d’électeurs et 20% de signatures d’élus dans différentes instances.
De même, en notant que selon la Constitution, seuls les sièges obtenus par les partis politiques comptent pour leur classement et donc pour la nomination du chef du gouvernement, les élus SAP ne peuvent être d’aucun recours à ce niveau. Ils peuvent toutefois rejoindre le groupe d’un parti donné, que ce soit au Parlement ou dans les collectivités territoriales, et en renforcer la position au moment des négociations pour la formation du gouvernement et des bureaux dirigeants des communes et des régions, ou même plus tard au moment du vote des lois ou des décisions et arrêtés.