Driss Jettou est sorti de son mutisme pour tenter de remettre à sa place cet écrivain et historien marocain dont la renommée a dépassé les frontières, rapporte Akhbar El Youm dans son édition de ce vendredi 13 janvier. Ainsi, Driss Jettou contre-attaque en affirmant qu'il n'est pas naïf et qu'Abdellah Laroui se trompe.Selon le journal, un différend important oppose les deux poids lourds, soit l'ancien Premier ministre et l'auteur de l'ouvrage "Réflexions matinales". Dans la 4ème partie de ce livre, Abdellah Laroui, homme de gauche, consacre en effet ses réflexions à la période où Driss Jettou, le technocrate, avait dirigé l'Exécutif après avoir succédé à l'ancien Premier ministre socialiste Abderrahmane Youssoufi.Abdellah Laroui considère que la nomination de Driss Jettou, l'homme "aux analyses politiques banales", selon lui, était un "pas en arrière" dans le processus démocratique. Touché par ces attaques, Driss Jettou s'est lâché en rappelant à son interlocuteur des moments importants de cette période. "Il faut préciser d'abord, a-t-il affirmé, que je ne peux pas affronter Monsieur Laroui, une personnalité de grande envergure, un homme d'un grand niveau de connaissances. Mais je dois préciser que je n'ai rien demandé pour être désigné Premier ministre, je suis fier d'avoir accompli ma mission. J'ai fourni de grands efforts". Et d'ajouter: "Je suis un homme du peuple. Je n'appartiens à aucun parti politique".Driss Jettou a rappelé une évidence que l'écrivain avait omis de prendre en compte. "Tous les ministres socialistes d'Abderrahmane Youssoufi dans le gouvernement d'après alternance m'ont accompagné dans la même trajectoire. Ce groupe m'avait accordé son soutien et sa confiance", a-t-il précisé. Driss Jettou a réfuté les allégations selon lesquelles son gouvernement était sorti à l'époque de son processus démocratique et a salué le rôle joué par Abderrahmane Youssoufi dans la formation de son gouvernement. Il a de même rappelé les noms de grands ittihadis qui avaient oeuvré à ses côtés, citant Mohamed Lyazghi, Fathallah Oualalou, Habib Malki et Mohamed Achaari.L'ancien Premier ministre a également rappelé à Abdellah Laraoui que le Maroc avait besoin, à cette époque, d'un nouveau souffle pour la transition démocratique. "Je suis heureus d'avoir contribué à l'ouvrage "le Maroc bien aimé, le Maroc des espoirs" qu'avait écrit Abdellah Laroui et qui retraçait la vie politique entre 1999 et 2007".
Cependant, dans son ouvrage "Réflexions matinales", l'écrivain a implicitement évoqué les frustrations qu'avait ressenties la gauche, notamment après la nomination de Driss Jettou en 2002 en remplacement de Abderrahmane Youssoufi.L'écrivain estime même, dans son livre, que la fin de l'alternance aurait été prévue avant la mort de feu Hassan II.Avant de clore l'entretien avec Akhbar Al Youm, Driss Jettou a souligné que l'important, dans cette expérience qu'il avait conduite avec les socialistes, "réside dans le bilan des réalisations accomplies". "C'est au peuple de nous juger", a-t-il affirmé, invitant Abdellah Laroui à mieux se renseigner sur cette période.Faisant preuve d'humilité Driss Jettou achève par ces propos: "ma conscience est tranquille, si j'ai commis des maladresses, je demande aux Marocains de me pardonner".