Il y aura eu les ténors la gauche radicale au Maroc. Mais c’est surtout par la présence importante des cadors et militants de l’association islamiste, et non moins extrémiste, interdite mais tolérée, Al Adl Wal Ihssane, que la marche censée être de solidarité avec les personnes détenues dans le cadre des événements d’Al Hoceima a été marquée.
Ce dimanche à Rabat, ils étaient au départ quelque 2.500 personne à marcher pour soi-disant défendre leur cause. A la fin, ils étaient près de 6.000. Un chiffre au demeurant insignifiant au vu de la mobilisation menée, sur le terrain comme sur les réseaux sociaux, par la Jamaâ pour rameuter du monde. Après deux heures de slogans, les manifestants se sont dispersés dans le calme. Mais le plus marquant, c’est la forte mobilisation d’Al Adl Wal Ihssane. Nous avons ainsi pu apercevoir nombre de ses leaders, mais aussi de ses «mourids».
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Au prétexte de défendre ces détenus, ce sont surtout les messages et autres slogans de la mouvance qui ont été entendus ce jour-là. Les marcheurs ont certes scandé des appels à la libération des détenus d'Al Hoceima et pour le développement de la région. Mais pas uniquement. Les militants et leaders d'Al Adl n'ont pas hésité, alors que ce n'était le moment ni l'endroit, à porter des messages de solidarité avec les mouvements populaires en cours en Algérie et ou Soudan. A cette différence près que dans ces pays-là, ce sont les drapeaux nationaux qui sont portés. A Rabat, aucun drapeau marocain n'a été levé.
Un témoin sur place nous explique que 90% des personnes qui ont marché ce jour sont des fidèles de la Jamaâ et que le dossier d’Al Hoceima a servi, ni plus ni moins, d'alibi pour que l’association islamiste fasse une nouvelle "démonstration de force".
Ce n’est pas la première fois. Depuis l’éclatement de cette affaire, Al Adl Wal Ihssane ne rate aucune occasion de surfer là-dessus. Alors que son discours ne fait plus recette et qu’elle perd du terrain à vue d’œil, l’association tente tant bien que mal de se racheter en faisant siens certains dossiers. Et Al Hoceima en fait partie. En juillet dernier, dans la même ville de Rabat, s'était tenue une manifestation en soutien aux personnes détenues dans le cadre des événements d’Al Hoceima, avec une tentative de démontration de force de la même Al Adl Wal Ihssane. Mais là encore, cette marche n’avait finalement pas mobilisé grand monde: moins de 10.000 personnes avaient alors répondu à l’appel.
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Précisons qu’au milieu des marcheurs, il y avait lieu de noter la présence de Nabila Mounib, secrétaire générale du Parti socialiste unifié, et de Abdelhamid Amine, l'indéracinable militant de l'Association marocaine des droits humains (AMDH). Les membres d'Attac Maroc étaient également présents. Parmi les "marcheurs" figuraient également certains ressortissants étrangers.
Présent sur place, le père de Nasser Zefzafi, un des meneurs des événements précités, a été empêché par les familles rifaines de se positionner en tête de la marche. Alors même qu'il se démenait pour qu'il soit au centre de la manifestation et que la marche n'ait d'yeux que pour son fils.