Le Maroc a-t-il réalisé une croissance économique record pour que les fruits de cette dernière soient partagés équitablement au profit de toutes ses couches? A en croire Miloudi Moukharik, président de l’Union marocaine du travail, le gouvernement a plutôt conduit le pays vers une «crise économique et sociale», selon ses propos rapportés par les quotidiens Al Akhbar et Assabah de ce vendredi 27 avril.
Pourtant, cela n’a pas empêché le patron de la plus puissante centrale syndicale du pays de repousser d’un revers de main une cagnotte de plus de 6 milliards de dirhams concédée par le gouvernement aux syndicats. Ce dernier a en effet proposé d’augmenter de 300 DH/net le salaire mensuel de 752.423 fonctionnaires et salariés de l’Etat, en plus d’une augmentation des allocations familiales de 100 DH pour chaque enfant dont profiteraient 387.626 salariés, sans parler de la prime de naissance qui passe à 1000 DH.
Réuni mercredi soir pour examiner ces nouvelles propositions du gouvernement, le Conseil national de l’UMT les a rejetées en bloc. Miloudi Moukharik a considéré, lui, que les augmentations que le gouvernement compte octroyer aux salariés sont «dérisoires et discriminatoires», en référence au fait qu’elles ne concernent que les fonctionnaires ayant un salaire de moins de 5500 DH. Il a réitéré son appel au gouvernement, qu’il juge au passage sans «réelle volonté», à répondre à l’ensemble du cahier revendicatif présenté par son syndicat. De ce fait, et en l’état actuel des choses, Moukharik estime que la responsabilté de l’échec du dialogue social incombe au seul gouvernement.
A quand donc la fin de cet interminable bras de fer entre les syndicats et les gouvernements successifs, bras de fer qui atteint son summum à l’occasion du 1er mai de chaque année? Les détenteurs institutionnels du cordon de la finance, mais aussi certaines boîtes qui savent faire parler les chiffres comme le Haut-commissariat au plan, voire les think tank économiques comme le Centre marocain de conjoncture, feraient mieux de faire la part des choses. Ne serait-ce que pour éclairer la lanterne de l’opinion publique, mais aussi des principaux protagonistes qui donnent l'impression de revendiquer et de proposer de façon trop populiste.