Le ministre de l’Equipement, Abdelkader Amara, et son prédécesseur, Aziz Rebbah, qui occupe également le poste de maire de la ville de Kénitra, risquent d’être englués dans les sables brûlants de «Drapor». L’affaire, au demeurant très complexe, de cette entreprise spécialisée dans le dragage des sables marins, revient en force sur le devant de la scène. Ainsi, et d’après le quotidien Al Ahdath Al Maghribia qui rapporte l’information dans son édition du jeudi 14 mars, des militants associatifs et des marins pêcheurs se sont rassemblés, en grand nombre, devant la direction régionale de l’Equipement pour « dénoncer l’appui que ses responsables apportent à cette entreprise ».
Cette manifestation a été organisée suite à une information selon laquelle la société, qui avait cessé ses activité dans la région pendant un certains temps, s’apprêtait à revenir sur le terrain. Une enquête publique a, en effet, été ouverte dans les communes de Mnasra et de Mehdia, près de Kénitra, pour étudier l’impact des activités de dragage du sable marin et fluvial sur l’environnement, précise le journal. Les contestataires, venus par dizaines des communes avoisinantes, Chlihate et Mehdia, soutiennent que «la reprise des activités de cette société nuira considérablement à l’environnement marin». Ce qui aura pour conséquence moins de poisson et, donc, pas de revenus pour les habitants de ces localités qui vivent principalement de l’activité de la pêche.
C’est justement pour cette raison que le ministre Amara, qui assistait à une rencontre régionale sur la formation professionnelle dans la région de Rabat-Salé-Kénitra, a été interpellé, récemment, par le président de l’association de la pêche artisanale à Mehdia. Ce dernier a exposé devant le ministre les retombées catastrophiques sur l’environnement et la faune marins des activités de dragage sauvage dans sa région. En réponse, le ministre a promis de veiller à la stricte application de la loi relative au dragage des sables marins, que ce soit le dragage d’entretien ou d’exploitation, dont le décret d’application vient d’être promulgué.
Pour le ministre le dragage d’exploitation est interdit dans des profondeurs inférieures à celle fixée par l’étude d’impact sur l’environnement ou par d’autres études techniques, sans toutefois que la profondeur du dragage d’exploitation ne puisse être inférieure à 20 m, à compter du zéro hydrographique. Quiconque, prévient-il, aura enfreint cette règle et les autres dispositions prévues par la loi à ce sujet sera sanctionné, quelle que soit son identité.
Le journal a par ailleurs rappelé l’histoire rocambolesque de cette entreprise, ses péripéties judiciaires depuis le décès, en 2015, de son fondateur, Lahcen Jakhoukh, ainsi que les réseaux d’influence de ses dirigeants, aussi bien au Maroc qu’à l’étranger. S’appuyant sur un dossier réalisé en 2018 sur cette entreprise par l’hebdomadaire Jeune Afrique, Al Ahdath Al Maghribia a passé en revue les principales étapes de cette période tumultueuse traversée, depuis 2014, par cette entreprise marocaine leader dans son domaine et qui opérait également au Gabon et dans d’autres pays africains.