Ils habitent à la daïra de "Bab Al Assa", relevant de la wilaya de Tlemcen frontalière avec le Maroc. Leur seule source de revenus est la contrebande avec leurs voisins marocains. Mais, depuis le creusement par l’armée algérienne d’une tranchée à la frontière avec le royaume, ils sont réduits à se tourner les pouces. Aucune lueur ne se profile à l’horizon, le seul gagne-pain, ils l’ont perdu, après avoir déjà perdu, et à tout jamais, tout espoir dans leur pays. Ils déchantent, simplement.
Erreur. On ne déchante pas à la fleur de l’âge. Et pour le démontrer, les jeunes de Bab Al Assa, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, ont eu une idée assez originale : recourir à «l’arme» du chant pour exprimer leur ras-le-bol. Résultat: ils ont composé une chanson assez significative qu'ils viennent de poster sur les réseaux sociaux: «Dada ya Dada, rah tbalaât al hadada» (Grand-mère, ils ont fermé la frontière) !
L’effet de leur initiative a été au-delà de tout espérance: à peine postée, la chanson, comme en témoigne la presse algérienne elle-même, a été «likée» 10.000 fois et promet encore de faire des vagues, sachant qu’elle a fait les gros titres de la presse algérienne, digitale et papier compris.
Les auteurs de ce chef-d’œuvre, -d’anciens «hallaba» (Ndlr : contrebandiers)-, se plaignent de l’absence d’alternative que les autorités de leur pays sont censées leur apporter, après avoir verrouillé toute possibilité de contrebande. «Qada ya Qada, khwat zouada, al hallab habat cabo o l’hmar dar robo» (O vous qui nous dirigez, nos victuailles tarissent, le contrebandier a garé sa voiture et l’âne est en congé !).
Pour rappel, les habitants de la daïra Bab El Assa, avaient vivement protesté fin janvier 2016 contre l'élargissement et l'approfondissement de la tranchée creusée par l'armée algérienne sur le tracé frontalier avec le Maroc.