Le rapport de la mission d’information parlementaire sur les marchés publics conclus par le ministère de la Santé, durant la crise épidémiologique, révèle l’existence de plusieurs dysfonctionnements concernant des milliards de dirhams. Un rapport qui a suscité une polémique stérile, notamment parce qu’il a fuité avant d’être adopté définitivement. Le quotidien Al Massae rapporte, dans son édition du lundi 19 juillet, que plusieurs acteurs politiques et associatifs défendant la protection des deniers publics ont demandé à ce que le ministre de tutelle soit entendu sur ce sujet.
D’autres appellent à entendre les responsables des marchés publics au sein du ministère et les représentants des sociétés qui ont remporté ces marchés, ainsi que toute personne ayant un lien direct ou indirect avec ce dossier. L’objectif, souligne l’Association marocaine de la protection des biens publics (AMPBP), est de poursuivre en justice toute personne impliquée dans les dysfonctionnements supposés. Le président de l’AMPBP, Mohamed Ghalloussi, souligne que le rapport parlementaire contient des données et des remarques pertinentes montrant l’existence de plusieurs «abus juridiques et financiers». Il exhorte ainsi le parquet général à exploiter ce rapport et de donner ses instructions à la police judiciaire afin d’effectuer toutes les recherches et les investigations sur cette affaire. Les enquêteurs, poursuit Ghalloussi, auront alors la possibilité de saisir tous les documents afférents à ces marchés et de faire les constatations nécessaires dans le but de trouver la vérité et de rendre la justice.
Le quotidien Al Massae rapporte que le président Ghalloussi dénonce les tentatives de certains politiques qui tentent de détourner l’attention de ce sujet grave. Et d’affirmer que «cette polémique politique vise à éloigner ce dossier du principe de la responsabilité et de la reddition des comptes. Ces controverses artificielles tendent à priver les Marocains de leur droit de connaître la vérité sur la gestion des marchés publics par le ministère de la Santé pendant la pandémie. Une crise épidémiologique à laquelle ont été allouées des sommes considérables et qui a bénéficié de grandes dérogations à toutes les règles régissant la passation des marchés publics».
C’est ainsi, poursuit Ghalloussi, que des voix se sont élevées pour demander l’ouverture d’une enquête sur la fuite du rapport dans une tentative d’éluder le fond du problème. D’autant que le ministère de la Santé a ajouté de l’ambiguïté à la confusion en affichant un silence assourdissant face à ce rapport accablant. Pis encore, une source proche du ministère de la Santé, qui a préféré garder l’anonymat, a accusé les auteurs de ce rapport d’avoir manqué de neutralité et de viser politiquement le ministre. Pourtant, le rapport parlementaire a relevé des abus financiers et juridiques pouvant constituer des délits de dilapidation et de détournement des deniers publics dont les sanctions relèvent du droit pénal.