Dans un rapport, le Département d'État américain s'alarme des frontières poreuses de l'Algérie

Abdelmadjid Tebboune, le président algérien et Saïd Chengriha, le chef d'état-major de l'armée algérienne.

Abdelmadjid Tebboune, le président algérien et Saïd Chengriha, le chef d'état-major de l'armée algérienne. . DR

L'instabilité en Libye et au Mali menacent la sécurité de l’Algérie et permet aux réseaux extrémistes et criminels de s'y renforcer, selon un rapport du département d’Etat publié mardi dernier, 1er mars 2022.

Le 03/03/2022 à 09h16

«Al-Qaida au Maghreb islamique, qui opère dans certaines parties de l'Algérie, collecte des fonds grâce au trafic de drogue, la contrebande, l’extorsion, les redevances imposées aux passeurs et la prise d'otages. L’instabilité en Libye et au Mali voisins menacent la sécurité des frontières algériennes et offrent des ouvertures aux organisations extrémistes et aux réseaux criminels transnationaux pour se renforcer», indique le chapitre réservé à l’Algérie dans le volet consacré au blanchiment d’argent lié au trafic de drogue d’un rapport soumis par la diplomatie américaine au Congrès.

Le document couvrant l’année 2021 évalue «les efforts des gouvernements étrangers pour réduire la production, le trafic et l'utilisation illicite de drogues, ainsi que leur travail pour lutter contre le blanchiment d'argent lié au trafic de drogue».

«La corruption publique et le terrorisme demeurent des préoccupations sérieuses», s’alarment les auteurs du rapport, qui préviennent également que «les frontières poreuses permettent à la contrebande de prospérer».

«Les activités criminelles notables comprennent le trafic, en particulier d'argent en vrac, de drogues, de cigarettes, d'armes et de véhicules volés; le vol; l’extorsion; et le détournement de fonds», indique également ce rapport.

Par ailleurs, le département d’Etat américain note que «l’ampleur du blanchiment d'argent par le biais du système financier formel algérien est considérée comme minime en raison de réglementations strictes et d'un secteur bancaire dominé par les banques publiques».

Le système financier algérien est très bureaucratique et prévoit de nombreux contrôles sur tous les transferts d’argent, soulignent les auteurs du rapport.

Et d’ajouter que la prévalence de systèmes archaïques basés sur le papier et de responsables bancaires non formés pour fonctionner dans le système financier international moderne dissuadent davantage les blanchisseurs d'argent, qui sont plus susceptibles d'utiliser opérations sophistiquées.

Cependant, une vaste économie informelle, basée sur de l'argent cash, estimée à 40-50 % du PIB, est vulnérable aux abus des criminels.

La convertibilité restreinte du dinar algérien permet à la Banque d'Algérie, la banque centrale, de contrôler les opérations financières internationales des banques algériennes.

Le blanchiment d'argent en Algérie se produit principalement en dehors du système financier formel, par le biais de l'évasion fiscale, de l'abus de transactions immobilières et de la fraude sur les factures commerciales.

Les cas de fraude douanière, le recours aux paradis fiscaux, les incidences du blanchiment d'argent basé sur le commerce et les transactions monétaires sur le marché parallèle préoccupent de plus en plus les autorités algériennes.

Le volume I du rapport américain traite du contrôle des drogues et des produits chimiques. L’Algérie n’y a pas été inclus.

Le volume II, portant sur le blanchiment d'argent, met en lumière la nature du blanchiment d'argent lié au trafic de drogue -et les vulnérabilités spécifiques- dans 80 pays et juridictions, ainsi que les efforts de ces gouvernements pour renforcer leurs régimes de lutte contre le blanchiment d'argent.

Par Ayoub Khattabi
Le 03/03/2022 à 09h16