"Danielgate" : L'approche de Ramid décriée

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D'après plusieurs analystes questionnés sur le sujet, le ministre de la Justice est soupçonné de n’avoir pas déclenché les mécanismes en son pouvoir pour «éviter la défaillance».

Le 04/08/2013 à 18h03, mis à jour le 05/08/2013 à 11h19

Le ministre de la Justice a été montré du doigt dans la gestion de l’affaire du criminel espagnol Daniel, libéré au bénéfice d’une grâce. Mustapha Ramid est soupçonné de n’avoir pas déclenché les mécanismes en son pouvoir pour "éviter la défaillance", selon plusieurs analystes interrogés. Le360, dans un souci d’objectivité, aurait voulu, dimanche, avoir pour interlocuteur privilégié le ministre de la Justice afin de recueillir ses réactions face aux critiques, mais ce fut sans succès. Toutefois, une source de son entourage a déclaré que la commission des grâces n’a pas examiné l’affaire de l’espagnol, ajoutant que ce "dossier n’aurait pas dû prendre cette ampleur du fait que l’espagnol a quitté le territoire national. S’il était resté ici, le contribuable aurait payé beaucoup d’argent pour lui".

Khalid Jamaï, journaliste et chroniqueur politique est totalement opposé à cette version en faisant endosser au ministre de la Justice la responsabilité de cette affaire. "Le ministre assume une grande responsabilité. Il doit rendre des comptes car la commission des grâces siège au sein de son ministère. Il s’est défilé en laissant le roi tout seul, il n’a pas été correct", a estimé Khalid Jamai. Mustapha Ramid a menti à trois reprises, a-t-il ajouté : "la première quand il a affirmé que l’Espagnol a été extradé, la deuxième en disant qu’il a été gracié pour des raisons d’Etat et la troisième en affirmant que la grâce provient uniquement du roi".

Pour un autre politologue, Tarek Badr "cette affaire a embarrassé le palais par l’incompétence de ceux qui détiennent la responsabilité de ce dossier. "Cette tentative d’embarrasser le palais est condamnable", a martelé ce chercheur universitaire "Le roi doit être épargné, ce dossier ne doit pas être exploité pour des règlements de compte. Il doit être pris à sa juste valeur comme l’a affirmé le communiqué du palais royal", a estimé Mohamed Zidouh, politologue. Pour Abdellatif Ouahbi, chef du groupe parlementaire du PAM, le ministre de la justice a tenté "d’impliquer le roi. C’est la commission des grâces qui gèrent la décision des grâces royales. Elle est responsable de cette faute, sachant qu’elle est présidée par Mustapha Ramid".

Un autre politologue, Manar Slim pense que le ministre de la Justice aurait du "alerter de l’existence sur la liste d’un criminel et insisté beaucoup afin de l’écarter de la grâce". "En tant que président de la Commission des grâce qui siège chez lui, le ministre ne l’a pas fait semble-t-il de cette manière", a estimé Manar Slim. "C’est un dossier sensible; le Maroc a traité avec un pays voisin, la responsabilité n’a pas été assumée par le ministre de la Justice. Cette responsabilité est aussi bien partagée par la commission des grâces que par la direction des affaires criminelles et de la grâce et l’administration générale des prisons", a-t-il encore déclaré.

Un autre analyste, Boujamaa Lakhdar, professeur universitaire, a vivement critiqué la teneur du communiqué personnel de M. Ramid, ce dernier y affirmant en substance qu’il n’est "pas responsable dans cette affaire, que la grâce est l'affaire du roi et que cette dernière a été accordée au regard des intérêts des deux pays". "Il n’a pas joué fair play", d’après Lakhdar, qui estime qu’une "partie a exploité cette affaire pour déstabiliser le Maroc et ses institutions".

Pour Ilyas El Omari, membre de la direction du PAM -premier parti politique à avoir demandé l’ouverture d’une enquête- le ministre doit assumer sa responsabilité en présentant sa démission. "Celui qui a failli à sa responsabilité doit rendre des comptes", a-t-il souligné. "Le chef du gouvernement, le ministre doivent éclairer l’opinion publique en précisant leur position. Il s’agit là d’un outil de mise en œuvre de la nouvelle Constitution". El Omari a appelé l’Espagne a replacer derrière les barreaux le criminel espagnol. "Les ONG doivent militer pour ça", a conclu l'homme politique avant de se demander "pourquoi l’Espagne a mis sur la liste des graciés ce criminel".

Quant à Abdellatif Ouahbi, chef du groupe parlementaire du PAM, il estime que le ministre de la justice a tenté "d’impliquer le roi. C’est la commission des grâces qui gère la décision des grâces royales. Elle est responsable de cette faute, sachant qu’elle est présidée par Mustapha Ramid".

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 04/08/2013 à 18h03, mis à jour le 05/08/2013 à 11h19