La donne géopolitique évolue rapidement au Moyen-Orient, et la Syrie en reconstruction n’échappe pas à cette recomposition.
Le 27 mai dernier, les autorités de Damas ont ordonné la fermeture des bureaux du Front Polisario, installés depuis les années 1980 dans la capitale syrienne.
Les représentants de la milice séparatiste ont été expulsés, marquant une rupture nette avec une époque révolue où la Syrie d’Assad s’alignait systématiquement sur la ligne algérienne.
Quelques jours plus tard, Fahad Al-Masri, ancien porte-parole de l’Armée syrienne libre et actuel secrétaire général du Parti libéral syrien, a enfoncé le clou en adressant une lettre au président de transition Ahmed Al-Charaa.
Il y appelle à classer officiellement le Polisario comme «organisation terroriste» et à reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara. Une posture sans précédent dans les relations syro-marocaines, jusqu’ici gelées, relève le magazine Jeune Afrique.
L’initiative d’Al-Masri ne relève pas du hasard, écrit-on. Depuis la chute du régime Assad en 2024, les nouvelles autorités de Damas semblent décidées à rompre avec certains héritages encombrants.
Des documents confidentiels exhumés ces derniers mois ont révélé la présence de combattants sahraouis dans les geôles syriennes, soupçonnés d’avoir été engagés aux côtés des troupes loyalistes avec l’appui de l’Iran.
Ces révélations n’ont pas manqué de ternir davantage son image au sein de l’opinion publique syrienne et au-delà.
À Washington, une proposition de loi déposée au Congrès par les représentants Joe Wilson (républicain) et Jimmy Panetta (démocrate) vise également à inscrire le Polisario sur la liste noire des organisations terroristes, aux côtés du Hezbollah libanais et des Gardiens de la révolution iraniens, rappelle Jeune Afrique.
Le contexte international se durcit, et Rabat apparaît plus que jamais comme un allié fiable dans la région, écrit-on encore.
C’est dans ce climat que le Maroc, dès décembre 2024, avait engagé un processus de normalisation avec la Syrie.
Le discours prononcé par Nasser Bourita au nom du Roi Mohammed VI lors du 34ᵉ sommet de la Ligue arabe, le 17 mai à Bagdad, a officialisé cette volonté de reprise diplomatique après treize ans de rupture.
Une délégation syrienne s’est récemment rendue à Rabat pour inspecter les locaux de son ancienne chancellerie, en vue d’une réouverture prochaine, apprend le magazine panafricain.
Ce rapprochement s’inscrit dans une stratégie régionale plus large menée par Rabat, qui multiplie les alliances avec des puissances arabes comme le Qatar, l’Égypte, les Émirats ou encore la France.
Cette nouvelle donne permet au Royaume de renforcer sa position sur le dossier du Sahara, tout en s’imposant comme un acteur clé des équilibres moyen-orientaux.
En toile de fond, la centralité croissante du Royaume dans les négociations régionales, alliant diplomatie parallèle et prudence stratégique.
Une visite du président syrien Ahmed Al-Charaa à Rabat serait en préparation, indique également Jeune Afrique, bien qu’aucune date officielle n’ait été annoncée.
Les autorités marocaines temporisent, souhaitant d’abord observer les évolutions politiques en Syrie, mais surtout obtenir une clarification définitive sur la position syrienne concernant le Sahara.






