Crise libyenne, ALE: l'ambassadeur du Maroc à Ankara en consultations à Rabat

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L'ambassadeur du Maroc en Turquie, Ali Lazrak, est rentré à Rabat, la semaine dernière, pour consulter sa hiérarchie et ce, notamment sur le conflit en Libye, où l'Etat turc a engagé sa présence militaire, a appris Le360 de sources concordantes.

Le 03/02/2020 à 19h44

De sources sûres, Le360 apprend que le diplomate marocain Ali Lazrak n'a pas été rappelé en consultation comme les règles diplomatiques le prévoient, mais il a saisi l'occasion de sa présence à Rabat pour rencontrer le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita.

Contacté par Le360, le chef de la diplomatie n'a pas répondu à nos sollicitations.

S’agissant des relations marocco-turques, risque-t-on d’entrer dans une zone de turbulences? Tout porte à croire que c’est à craindre, et ce, pour deux principales raisons. 

Il y a d’abord la question libyenne. Le Maroc, qui a largement contribué à l'élaboration de l'accord de paix de Skhirat en 2017, a toujours milité en faveur d'une solution pacifique entre les acteurs en guerre en Libye. "Le règlement du conflit est entre les mains des frères libyens, sans aucune ingérence de puissances étrangères", a récemment déclaré Nasser Bourita. Or, parmi ces puissances qui interviennent dans ce conflit, figure notamment la Turquie.

Le Maroc, lui, a une ligne claire sur le conflit libyen, et n’a pas manqué de protester sur son exclusion de la conférence de Berlin consacrée à cette question, tenue le 19 janvier dernier. 

Dans un communiqué, le ministère des Affaires Etrangères avait d’ailleurs souligné que "le Royaume du Maroc a toujours été à l’avant-garde des efforts internationaux pour la résolution de la crise libyenne". Le Maroc, poursuit ce communiqué, "a joué un rôle décisif dans la conclusion des accords de Skhirat, qui sont, à ce jour, le seul cadre politique –appuyé par le Conseil de Sécurité et accepté par tous les protagonistes libyens– en vue de la résolution de la crise dans ce pays maghrébin frère”.

L'autre sujet de discorde avec la Turquie est lié aux termes de l'accord de libre-échange commercial, alors que le Maroc enregistre un déficit de deux milliards de dollars.

La révision de cet accord, convenue lors du récent déplacement à Rabat de la ministre turque du Commerce, Ruhsar Pekcan, a été reportée sine die. Le ministre marocain de l’Industrie, Moulay Hafid Elalamy, avait pourtant proposé un délai de quinze jours, mais la partie turque a repoussé, sans prévenir, cette échéance.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 03/02/2020 à 19h44