«A la demande du groupe parlementaire de l’Istiqlal, le secrétaire général, Nizar Baraka, a donné son accord pour recevoir les représentants de cette ligne, lundi au siège du parti à Rabat», indique un communiqué, qui omet de préciser si cette audience est un moyen d’apaiser la tension entre les deux clans, à défaut de la régler.
Ce sera la première apparition de Nizar Baraka depuis le déclenchement de la crise et son isolement, après avoir été testé positif au Covid-19.
Cette crise est née il y a quinze jours. Le Comité exécutif avait entériné sous la présidence de Nizar Baraka deux résolutions proposées par le clan du patron de l’Istiqlal dans les provinces sahariennes, Hamdi Ould Errachid. Certains étaient loin d'imaginer que ces deux décisions allaient provoquer un mécontentement généralisé de l’ensemble des militants, de même que des deux groupes parlementaires du parti dans la Chambre des représentants et la Chambre des conseillers.
La première résolution entérinée mentionne le fait que désormais, les membres des deux groupes du parti au Parlement ne seront plus autorisés à siéger ès-qualité dans le Conseil national, le Parlement du parti. La résolution a leur ouvert cependant une porte de sortie en leur proposant d'y siéger, mais à la condition qu’ils se fassent élire par les circonscriptions du parti dans les régions.
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La deuxième résolution, adoptée elle aussi lors du même conclave tenu dans la station balnéaire de Harhoura, près de Rabat, il y a quinze jours, interdit aux représentants du parti dans les régions de siéger dans le Conseil national.
De nombreux militants ont accusé le clan Ould Errachid d’être à l'origine de la tentative de réduire l’influence des partisans du mouvement Bila Hawada qu’incarne Abdelouhed El Fassi, fils de la figure emblématique de l'Istiqlal et leader nationaliste Allal El Fassi.
La grogne au sein des groupes parlementaires istiqlaliens (81 députés et 20 conseillers parlementaires, y compris les proches de Moulay Hamdi Ould Errachid) est alors montée d’un cran, au point que les deux parties ont eu des échanges violents lundi dernier au siège du groupe parlementaire au Parlement, a appris Le360 de sources concordantes. «Oui, il y a bien eu une confrontation, sans que cela n'ait dégenéré», a affirmé Omar Hjira, député et membre du comité exécutif.
Le député a indiqué que les deux propositions n’avaient pour valeur et intérêt que le fait de réduire le nombre trop élevé de représentants dans le Conseil national. «Au lieu de 1.000 représentants actuellement, nous visons à ramener la représentation à un niveau inférieur afin d’assurer une harmonie dans le système de gouvernance et de gestion de cette instance», a-t-il plaidé.
Mais nombreux sont les militants qui pensent que cette «réduction et exclusion des députés et des coordinateurs régionaux du Conseil» n’a d'autre objectif que de «renforcer le poids du clan Ould Errachid» dans le parti.
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C’est la deuxième fois que l’Istiqlal traverse une aussi grave crise, après celle de 2021, au cours de laquelle les partisans d’Ould Errachid avaient essayé de tester la résistance de l’ancienne ligne partisane de l’Istiqlal. Hamdi Ould Errachid se plaît d'ailleurs à dire à ses proches que c’est lui qui a chassé Hamid Chabat au cours du 17e congrès du parti.
En cette semaine qui s'achève, le climat s’est encore détérioré lorsque la section de l’Istiqlal à Laâyoune a publié un communiqué dans lequel elle apporte son soutien à Ould Errachid, qui est le maire de la ville. Le courant Bila Hawada, qui domine d’autres sections régionales, a, lui, publié des communiqués rejetant le «forcing» du chef de l’Istiqlal à Laâyoune et apportant son soutien à Nizar Baraka qui va donc tenter de ramener le calme lundi.
On reproche à Nizar Baraka d’être trop diplomate et trop conciliant dans la gestion de ce «type d’intrusions».
De son côté, Rahal El Mekkaoui, ex député et membre du comité exécutif a invité, dans une déclaration pour Le360, les militants à prendre «leurs responsabilités en cessant notamment de publier des communiqués qui ne font qu’aggraver la crise». Se rangeant du côté du comité Exécutif, il a rappelé que ce dernier prend ses «décisions d’une manière collective».
Le comité exécutif, plus divisé donc que jamais par les deux clans, avait proposé de faire entériner les deux décisions dans le cadre de la réforme du règlement intérieur prévu lors du 18e congrès ordinaire de l’Istiqlal. Mais la date officielle de son organisation n’a pas encore été fixée, preuve que les divisions persistent...