Il s’était fait connaître en étant le conseiller et le chef du cabinet de Salaheddine Mezouar, du temps où celui-ci était le patron de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Depuis, il a su voler de ses propres ailes pour devenir, en novembre dernier, membre associé du cabinet français d’affaires et de lobbying ESL & Network, en charge des intérêts défendus en l’Afrique. «J’ai la passion de ce continent», nous avait-il alors confié.
C’est donc tout naturellement qu’il a été appelé à rejoindre la Task force Covid-19 de l’Union africaine. Covid-19 African Response est «un organisme en charge de coordonner les efforts de l’Union Africaine autour de la création et de la gestion du Fonds pour répondre aux urgences humanitaires et sanitaires sur le continent africain», explique Maghreb intelligence qui relaye l’information de la création de cet organisme, après la décision du Bureau de l'Assemblée des chefs d'Etat et de gouvernement de l’UA de la création d’un Fonds continental anti-Covid-19.
Cette instance se concerte également, au quotidien, autour du Commissaire de l’UA en charge de l’industrie et du commerce ainsi qu’auprès de la Commissaire de l’UA en charge des Affaires sociales.
Tout en gardant ses missions auprès du cabinet ESL & Network, Omar Alaoui siège, en tant que membre, dans cette nouvelle instance de l’UA.
Voici, dans cet entretien avec Omar Alaoui, de plus amples explications sur sa nomination et sur le rôle qu'il aura dans cet organisme.
En quoi consiste la mission de la Task force Covid-19 dont vous êtes membre?L’Union Africaine a lancé le Fonds COVID-19 African Response, qui a pour objectif de formuler une réponse collective à l’urgence sanitaire, humanitaire et économique qui touche notre continent. Il s’agit d’une initiative public-privé de l’UA, aux côtés de Africa CDC, l’organe sanitaire et technique de l’UA, et AfroChampions, représentant du secteur privé panafricain. Notre ambition est de lever 400 millions de dollars pour les besoins immédiats du continent, en terme d’équipements médicaux. Il s’agit d’un Fonds de solidarité panafricaine, il devra donc répondre aux besoins des populations les plus vulnérables dans les pays les moins développés du continent.
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Qui sont les autres membres et combien êtes-vous? Quel est votre rôle dans cette équipe?L’Union Africaine a eu l’intelligence d’ouvrir cette initiative au secteur privé panafricain, et de lui en confier la mise en œuvre opérationnelle. Sous la tutelle de la Commissaire aux affaires sociales et du Commissaire au commerce et à l’industrie de l’UA, notre task force coordonne les efforts de cette plateforme public-privé. Nous avons apporté notre expertise dans la conception de la gouvernance et de l’ingénierie financière du Fonds. Désormais, il s’agit d’aller convaincre les donateurs privés: les opérateurs économiques africains, les philanthropes panafricains, les fondations d’entreprises, les membres de la diaspora panafricaine, ou encore les opérateurs économiques internationaux présents sur le continent.
Nous sommes une dizaine d’agitateurs d’idées panafricains, à l’instar du Dr Edem Adzogenu ou de Paulo Gomes, dont l’objectif est de lever des ressources immédiates, dont pourra disposer Africa CDC, qui a réalisé une cartographie précise des besoins d’équipements sanitaires sur tout le continent. Au vu de mon parcours, mon rôle se concentrera davantage sur le secteur privé et financier maghrébin, ainsi que sur les opérateurs économiques européens, qui sont particulièrement attendus en cette période compliquée pour notre continent.
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Croyez-vous en une possible action commune de l'Afrique dans la lutte contre le coronavirus?Bien évidemment! Et ce Fonds en est l’illustration parfaite. Je souhaite saluer ici l’action de l’UA, une institution ouverte au secteur privé, à la société civile et à la jeunesse panafricaine. Devant la tragédie qui s’annonce sur notre continent, il y a une grande prise de conscience et une volonté d’action de la part des élites africaines, notamment des représentants du secteur privé, qui force l’admiration. Mon inquiétude était de voir éclore des petites actions isolées sur le continent, ce Fonds vient apporter un cadre institutionnel et peut être une force de frappe importante pour une réponse collective et coordonnée. A l’heure où le multilatéralisme est mis à rude épreuve par le Covid-19, cette initiative de l’UA suscite de l’espoir.
Comment cette action doit-elle se décliner?Cette action doit se décliner sur le terrain de manière très opérationnelle. Il ne faut pas perdre de vue l’essentiel: ce Fonds est là pour fournir aux hôpitaux et aux personnels soignants africains du matériel pour sauver des vies. Africa CDC centralise les ressources et nous levons les fonds. Je tiens aussi à souligner le rôle des médias panafricains, dans la sensibilisation des populations et pour alerter l’opinion publique internationale sur la gravité de la situation en Afrique, tant sur le plan sanitaire, que sur le plan des répercussions économiques. C’est pour cela que nous avons initié un partenariat avec un panel d’African Media Leaders, à la tête de médias panafricains et internationaux, afin de donner plus de visibilité à ce Fonds.
Quel rôle le Maroc peut-il jouer dans ce sens?Tout d’abord, sachez que le Royaume du Maroc est cité en exemple dans sa gestion efficace et transparente du Covid-19 au sein des différentes composantes qui forment notre plateforme. De plus, le Maroc dispose de plusieurs entreprises marocaines présentes sur le continent africain, et ce, dans plusieurs secteurs de l’industrie et des services. J’espère qu’elles se mobiliseront pour apporter leurs contributions à cette initiative de solidarité panafricaine.