Trois semaines après le scandale de l’enregistrement audio attribué à des magistrats, une autre affaire de corruption, d’escroquerie et de falsification vient secouer la sphère judiciaire et ses multiples ramifications. Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du lundi 1er août, que des responsables judiciaires et sécuritaires, ainsi que des fonctionnaires et des employés dans les tribunaux, sont poursuivis dans ce dossier. Selon des sources autorisées, 29 personnes ont été déférées, vendredi dernier, devant le procureur général du roi près la Cour d’appel de Casablanca. Le magistrat a poursuivi 25 d’entre elles en état d’arrestation pour corruption, falsification et intermédiation auprès de fonctionnaires publics.
En effet, parmi les accusés, se trouvent plusieurs intermédiaires qui intervenaient auprès des magistrats en faveur des justiciables, moyennant des pots-de-vin. Il s’agit notamment d’un transporteur, d’un vendeur de voitures d’occasion, du gérant d’un café situé près du tribunal, d’un directeur de société, de trois femmes au foyer et d’une femme de ménage. La deuxième liste comprend des responsables judiciaires et sécuritaires dont un inspecteur de police principal, un officier de police judiciaire, un pacha et un substitut du procureur du roi. Les mêmes sources soulignent qu'une troisième liste, comprenant quatre juges soupçonnés d’être impliqués dans cette affaire, circule dans certains milieux casablancais.
Le quotidien Assabah, qui traite le même sujet, indique que ce réseau d’intermédiation et d’intervention dans les dossiers judiciaires est dirigé par le premier substitut du procureur du roi et comprend des magistrats du siège et du parquet. Les mêmes sources soulignent qu’un complément d’enquête, ordonné en 2020 par le procureur général du roi dans l’affaire du magistrat Hicham Louski, condamné à cinq de prison pour corruption et abus sexuel, a permis de découvrir ce réseau parallèle de corruption. Sur ordre du juge d’instruction, les recherches se sont basées sur la technique des écoutes téléphoniques des intermédiaires, ce qui a permis de cerner toutes les ramifications de ce réseau criminel.
Le procureur général du roi près la Cour d’appel a décidé, vendredi dernier, de poursuivre les 29 accusés et de classer le dossier d’une femme de ménage qui travaille au tribunal, après avoir constaté qu’elle avait été victime d’exploitation sexuelle par le substitut du roi précité. Pis encore, les recherches effectuées par la BNPJ ont montré que l’accusé, qui usait de sa qualité de magistrat, avait eu des relations sexuelles au bureau, dans le tribunal de première instance d’Ain Sebaa. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte les mêmes informations sur ce sujet, précisant que 5 substituts du procureur du roi pourraient s’ajouter à la liste des accusés après que leurs noms ont été mentionnés dans les PV de la BNPJ. Ces potentiels accusés ont, en effet, été auditionnés par le procureur général du roi près la Cour de cassation.