La parenthèse de réconciliation entre l’Union socialiste des forces populaires (USFP) et le Parti du progrès et du socialisme (PPS) n’aura été qu’un mirage de plus dans le paysage de la gauche du Royaume.
À peine dix-huit mois après avoir affiché un rapprochement censé revitaliser une opposition moribonde, l’USFP confirme surtout son incapacité chronique à dépasser ses querelles d’appareil et ses réflexes hégémoniques.
En décembre 2023, la signature d’un mémorandum d’action commune avait été vendue comme le retour d’une gauche rassemblée face à ce que les deux partis désignaient comme la «faiblesse politique» du gouvernement Akhannouch, rappelle le magazine Jeune Afrique, dans un article dédié.
Mais, derrière les grandes déclarations, les vieilles habitudes ont vite refait surface.
L’échec de cette alliance illustre surtout la difficulté de l’USFP à accepter le jeu collectif dès qu’il ne sert pas exclusivement ses intérêts, écrit-on.
L’affaire a tourné au règlement de comptes à ciel ouvert, dès le printemps.
À coups de communiqués abrupts et de sorties médiatiques, Driss Lachgar, premier secrétaire de l’USFP, s’est posé en victime d’une prétendue cabale orchestrée par ses partenaires.
Derrière cette posture, beaucoup y voient surtout une tentative maladroite de masquer un échec d’organisation et de convaincre l’opinion que le parti reste le «chef naturel» de l’opposition.
Une prétention largement battue en brèche par sa propre incapacité à fédérer durablement.
L’épisode de la motion de censure, que l’USFP revendique comme «son» initiative exclusive, résume bien le malaise.
Au lieu de construire une alternative crédible, la direction socialiste a préféré transformer un acte politique fort en querelle d’ego pour s’arroger la paternité du projet. Une stratégie de surenchère qui a fini par vider la démarche de son sens, tout en offrant au gouvernement un spectacle affligeant de division.
Le ton, martial, de Driss Lachgar, multipliant les accusations de sabotage, révèle surtout une conception dépassée du leadership politique.
Fidèle à son verbe, musclé, le chef de l’USFP n’a eu de cesse d’agiter l’épouvantail de la «marginalisation» pour expliquer ses propres revers.
Mais au lieu de se remettre en question, l’appareil socialiste préfère rejeter la faute sur ses alliés et cultiver une posture victimaire qui frôle parfois le ridicule.
De son côté, le PPS n’a pas manqué de dénoncer cette «vision étroite» et ces «calculs tactiques» qui ont transformé une opportunité de relance de la gauche en un bras de fer stérile, écrit encore Jeune Afrique.
Dans les coulisses, nombreux sont ceux qui jugent que l’USFP, englué dans ses luttes internes et son obsession de conserver un magistère moral qui n’est plus reconnu, peine à se renouveler et à parler aux électeurs.
À moins d’un improbable sursaut, l’idylle entre l’USFP et le PPS n’est plus qu’un souvenir embarrassant.
Les promesses de «nouvelle dynamique» en vue des législatives de 2026 semblent d’ores et déjà compromises, faute de leaders capables de dépasser leurs logiques partisanes.
En attendant, la gauche continue de se diviser, au grand bénéfice d’une majorité qui n’a pas eu à forcer, pour voir l’opposition s’autodétruire.








