Depuis plusieurs jours, l’Algérie vit au rythme d’une crise sécuritaire et politique inédite.
La fuite spectaculaire d’Abdelkader Haddad, alias «Nacer el-Djen», ancien directeur de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), a plongé le pays dans une atmosphère de chaos rappelant les heures sombres de la décennie noire des années 1990, indique le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition de ce lundi 22 septembre.
Alger et ses environs connaissent, depuis le 18 septembre, un déploiement sécuritaire sans précédent depuis près de trois décennies.
Checkpoints militaires et policiers bloquent les artères principales, les hélicoptères survolent en permanence la capitale et les fouilles s’intensifient dans plusieurs quartiers.
La vie économique s’en retrouve paralysée, tandis que les habitants dénoncent une véritable mise sous cloche du pays.
Ce climat de peur est directement lié à la disparition de «Nacer el-Djen», placé en résidence surveillée depuis son limogeage en mai dernier.
Son évasion a provoqué une onde de choc au sommet de l’État, obligeant le Conseil supérieur de sécurité à se réunir en urgence, a-t-on pu lire.
L’affaire prend une dimension explosive, car des soupçons de complicités internes au sein même de l’appareil sécuritaire et militaire circulent.
Plusieurs sources évoquent des arrestations en série parmi des hauts gradés, tandis que d’autres avançaient l’hypothèse d’un passage à l’étranger du général fugitif.
Les perquisitions se multiplient dans divers lieux de la capitale et d’autres régions, mais aucune annonce officielle n’a été faite.
Le silence des autorités contraste avec l’emballement des réseaux sociaux, où le sujet est devenu la première préoccupation des Algériens, a-t-on encore lu.
Face à l’absence de communication officielle, certains influenceurs algériens, notamment installés à l’étranger, se sont mués en relais d’informations.
Plusieurs d’entre eux ont avancé que le chef d’état-major, Saïd Chengriha, aurait été victime d’un malaise et hospitalisé en urgence, alimentant les rumeurs de divisions au sein du haut commandement.
Selon ces sources, la disparition de Nacer el-Djen constitue une menace existentielle pour le régime militaire.
Considéré comme une véritable «boîte noire» du système sécuritaire, il serait détenteur de secrets liés aux assassinats d’opposants pendant la décennie noire, mais aussi à des affaires sensibles récentes, dont la mort mystérieuse de l’ex-chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah, en 2019.
Son nom apparaît également dans des rapports relatifs à des tentatives d’enlèvement de dissidents en Europe, notamment en Espagne et en France, énumère Al Ahdath Al Maghribia.
Ancien exilé en Espagne après la purge initiée par Gaïd Salah en 2018, Abdelkader Haddad avait été rappelé en grâce en 2021.
Promu général, il a été nommé en juin 2024 à la tête de la DGSI.
Mais, à peine un an plus tard, il est limogé dans des conditions obscures et placé en résidence surveillée.
Son évasion survient dans un contexte de turbulences au sein des services de renseignement algériens.
Depuis l’arrivée d’Abdelmadjid Tebboune à la présidence en 2019, pas moins de sept responsables se sont succédé à la tête des renseignements extérieurs et cinq autres à la sécurité intérieure, indique Al Ahdath Al Maghribia.
Cette instabilité chronique illustre la guerre des clans qui déchire le sommet de l’État.
Le renseignement jouait autrefois le rôle d’arbitre entre les différentes factions militaires et assurait un certain équilibre.
Aujourd’hui, cette fonction a disparu, plongeant l’armée dans un état d’instabilité permanent, a-t-on encore pu lire.









