Au moment où le ministre de l'Emploi et de l'insertion professionnelle, Mohamed Amekraz, profite d’un léger essoufflement de la polémique pour sortir de son silence, le PJD livre son verdict quant aux accusations qui pèsent sur ses deux membres. Dans son édition du lundi 6 juillet, le quotidien Al Akhbar revient sur le scandale des déclarations de la CNSS, auquel il consacre sa Une.
Dans une rencontre virtuelle tenue par la jeunesse du Parti de la justice et du développement (PJD), Amekraz est passé aux aveux et a admis ne pas avoir déclaré ses salariés depuis 2009. En effet, le ministre a reconnu ses torts en présence du chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, et a attribué son manque de délicatesse à un «agenda surbooké».
En outre, le ministre a expliqué que depuis 2009, année où il avait monté son cabinet d’avocat à Agadir en compagnie de 2 associés, il a toujours eu recours à des contrats avec l'agence Anapec, dont la durée n’excèdait pas 6 mois. Pour sa défense, il a ajouté qu’il avait, en 2011, décroché un siège au Parlement, à la Chambre des représentants, ce qui ne lui a guère laissé de temps libre pour se mettre en conformité avec la loi, et ce jusqu’en 2016.
Amekraz a ensuite décidé de voler de ses propres ailes et a ouvert un cabinet, mais sans pour autant s’acquitter de ses charges sociales. Suite à sa nomination en tant que ministre, il a confié la gestion de son cabinet à un confrère qui a repoussé, à son tour, lesdites déclarations aux calendes grecques.
Amekraz explique son recours au travail au noir par la «volatilité» des ressources humaines et le contexte de crise sanitaire. De son côté, le secrétariat général du PJD a tenu un meeting, jeudi dernier, pour délibérer sur les deux affaires embarrassantes de Mustapha Ramid, ministre d’État en charge des droits de l’Homme, soupçonné de ne pas avoir déclaré une de ses collaboratrices à la CNSS, et sur la bourde d’Amekraz, pour tenter ainsi d’étouffer la polémique populaire dont fait l'objet le PJD.
Le secrétaire général du PJD a expliqué, dans une publication officielle, que «la non-déclaration des salariés est contraire à la loi». Saâd-Eddine El Othmani s'est appuyé sur le rapport que lui avait transmis la commission «transparence et intégrité» du parti, et a expliqué que le numéro 2 du gouvernement avait pris à sa charge l’essentiel des charges médicales de sa collaboratrice avant que l’affaire ne prenne cette importance, amplifiée, par la suite, sur les réseaux sociaux.
De même, le secrétaire général a reconnu la responsabilité qui incombait au ministre de l’Emploi, qui se doit d’être exemplaire dans la lutte contre le travail au noir, et a recommandé à son cabinet une rapide mise en conformité de la déclaration de ses salariés auprès de la CNSS.
Cependant, le parti a fait preuve d’indulgence envers ses deux ministres et a refusé de leur coller l’étiquette de hors-la-loi, en soulignant qu’ils «n’ont pas transgressé les règles de transparence et d'intégrité». Les propos du parti ont été tournés en dérision sur les réseaux sociaux sous le slogan «Ramid et Amekraz violent la loi en toute transparence et intégrité».
L’édito du journal Al Massae, titré «Supporte ton frère à tort ou à raison», réagit à la décision de la commission d’intégrité et de transparence du PJD.
Dans un éditorial cinglant, la persistance de la mentalité tribale est dénoncée. L'éditorialiste compare le PJD à une tribu soudée qui défend coûte que coûte les intérêts des ses membres, au mépris total des valeurs de justice sociale et de solidarité.