La coordination de l’Instance nationale de protection des biens publics et de la transparence (INPBPM) dans la région de Casablanca-Settat a adressé, le 27 février dernier, une lettre au procureur général du roi près la Cour d’appel, lui demandant d’ouvrir une enquête sur le cas des fonctionnaires fantômes dans la commune urbaine et les arrondissements de la ville.
L’INPBPM demande au magistrat de prendre les mesures nécessaires contre toute personne qui s’avère être impliquée ou avoir participé à «ces crimes», rapporte Al Ahdath Al Maghribia du mercredi 6 mars. L’objectif, ajoute la même instance, «étant d’instaurer la justice, de garantir l’utilisation des deniers publics de façon transparente et efficiente, de réaliser un contrôle minutieux sur l’action gouvernementale pour assurer un développement durable et améliorer la qualité de vie des citoyens».
La lettre souligne, en outre, que ces fonctionnaires fantômes perçoivent des salaires mensuels conséquents du budget de l’État sans effectuer un travail effectif. Cette gabegie se produit au moment où des milliers de jeunes qualifiés sont en chômage et vivent dans des conditions sociales difficiles. Ce qui constitue, poursuit l’INPBPM, une atteinte au principe de l’égalité des chances et une dilapidation de l’argent public.
«Cette pratique massive représente un danger pour la bonne marche des services publics, une fraude envers l’état et la société ainsi qu’une mauvaise gestion des services, en plus de l’encaissement par ces fonctionnaires fantômes de salaires et d’avantages indûs», ajoute l’INPBM.
Al Ahdath Al Maghribia souligne que le phénomène des fonctionnaires fantômes remonte à des décennies, notamment dans les communes. Déjà en 2013, on avait recensé 7.000 fonctionnaires qui percevaient des salaires et ne travaillaient pas dans la commune urbaine de Casablanca. Il y a quelques jours, le président du conseil préfectoral de Moulay Rachid, Mohamed Ajbil, a fait une déclaration choc en révélant que, «sur les 450 fonctionnaires que compte cette préfecture, 400 ne s’acquittent pas de leur travail et sont donc considérés comme des fonctionnaires fantômes».
Cette déclaration a provoqué une onde de choc chez les élus de Casablanca, dont certains sont allés jusqu’à dire que le nombre des fonctionnaires fantômes aurait atteint 75% du total des personnels dans les conseils élus de Casablanca.
Auparavant, la maire démissionnaire de Rabat, Asmaa Rhlalou, avait révélé que sa commune comptait 2.400 fonctionnaires percevant des salaires tout en restant chez eux. Depuis, 4 fonctionnaires qui se trouvent à l’étranger ont été radiés, certains ont démissionné, d’autres ont demandé le départ à la retraite proportionnelle, tandis que 8 se sont vu suspendre provisoirement leurs salaires.