«De quelque endroit que tu frappes le chauve, son sang coule». C’est par cette métaphore, puisée dans la nappe de la culture populaire marocaine, que l’éditorialiste du quotidien Assabah qualifie la situation anarchique qui prévaut dans le secteur des panneaux publicitaires dans la capitale économique du pays, Casablanca.
Sous le titre la «hogra», (mépris, oppression), le quotidien dresse dans son édition du week-end des 20 et 21 juillet, l’état des lieux de la jungle de l’affichage sauvage des panneaux publicitaires qui ruinent la métropole, ternissent son image, étouffent ses habitants et polluent son atmosphère. Un tableau noir qui fait croire aux habitants de la ville blanche qu’un complot est monté contre eux, contre leur quiétude et contre leur cité et son environnement.
Le comble, fait remarquer l’éditorialiste, est que cet état des lieux catastrophique se développe sous le regard passif et laxiste de ceux qui sont pourtant censés défendre la ville et gérer sa chose locale. A la veille de 2020, poursuit l’éditorialiste, les responsables n’ont pu mettre en place un schéma directeur du mobilier urbain d’affichage.
Pis encore, au nom du renflouement des caisses de la mairie et de la nécessité de trouver une solution à la crise financière qui secoue la commune, les décideurs autorisent des entreprises à implanter leurs panneaux comme bon leur semble, sans aucune étude pour recenser et répertorier les types de panneaux et d’enseignes existants.
Ainsi, ces entreprises et les acteurs qui oscillent dans leur orbite génèrent des bénéfices importants, en créant les zones d’implantation selon leur propre volonté. Cette débandade a permis la prolifération de ces panneaux, qui dissimulent même des feux de signalisation ou dont l'implantation viole parfois la vie privée des citoyens, s’indigne l’éditorialiste.
Ce qui choque, ajoute l’éditorialiste du quotidien, est ce réveil tardif des décideurs de la mairie, qui ont lancé une étude pour répertorier l’affichage dans la ville et son respect des cahiers des charges, pour ranger en fin de compte la paperasse dans les tiroirs des bureaux de la commune, sans aucune suite.
Il faut dire que la redéfinition du périmètre des publicités, la maitrise des critères d’implantation, leur forme et l’intelligence de leur contenu, n’est pas une affaire de luxe, mais c’est de goût urbain de la part de la gouvernance de la ville. Mais, conclut l’éditorialiste, «quelqu’un qui n’a rien ne peut rien donner».