L'attaque contre la ville de Baga et une quinzaine de villages alentour de l'Etat de Borno, sur les rives du Lac Tchad, perpétrée mercredi par Boko Haram, serait le "pire massacre" jamais commis par le groupe islamiste. Selon AP et Amnesty International, près de 2000 personnes pourraient y avoir trouvé la mort. Selon un dirigeant local, les victimes sont principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées qui n'ont pu s'enfuir quand les islamistes ont attaqué Baga avec des armes automatiques et des grenades propulsées par fusée.
"Plus de 20.000 déplacés provenant de Baga et des villages alentour se trouvent dans un camp à Maiduguri", a déclaré à l'AFP Musa Bukar, responsable administratif de cette zone de l'Etat de Borno. Il a ajouté que des habitants de Baga et des villages voisins, qui ont tenté de trouver refuge dans la brousse, ont été poursuivis par les islamistes, à moto, qui leur tiraient dessus. Des centaines de corps seraient encore disséminés dans la brousse.
Quelque 560 personnes sont bloquées sur une île du lac Tchad sans aucune nourriture, selon Abubakar Gamandi, le chef du syndicat des pêcheurs de l'Etat de Borno, qui a pu les joindre par téléphone. "Certains sont en train de mourir à cause du manque de nourriture, du froid et du paludisme, sur cette île infestée de moustiques", a-t-il ajouté.
Des centaines d'insurgés lourdement armés avaient déjà lancé une attaque samedi dernier sur cette région, s'emparant de Baga, un carrefour commercial de la région, de son importante base militaire et des villages alentour après plusieurs heures de combat. Lors du raid de mercredi, les islamistes "ont entièrement brûlé" Baga et une quinzaine de villages, selon Masa Bukar. Boko Haram, qui a déja pris le contrôle d'une vingtaine de villes et villages de la région, contrôle désormais des frontières stratégiques avec le Tchad, le Niger et le Cameroun.
La prise de Baga revêt une importance symbolique car il s'agit de la base de la Force multinationale (MNJTF), censée regrouper des soldats nigérians, nigériens et tchadiens dans la lutte contre Boko Haram. Le chef du groupe islamiste, Abubakar Shekau, a proféré cette semaine dès menaces directes contre le Cameroun et son président Paul Biya.
Des combats se poursuivaient, vendredi, entre des membres du groupe et les forces nigérianes à Damaturu, également dans le du nord-est du pays, dans ce qui semblait être des représailles après un raid de l'armée contre un bastion du groupe islamiste, ont indiqué des habitants à l'AFP.