Le ministre, en charge de ce département depuis deux ans, a fait cet aveu lors d'une conférence organisée samedi à Salé à l'occasion de l'inauguration du nouveau siège du Centre culturel Abou Bakr Kadiri, du nom de l'ancien dirigeant istiqlalien signataire du Manifeste de l'indépendance du 11 Janvier 1944.
Cité par Akhbar Al Youm, dans son numéro de ce lundi 23 mars, Rachid Belmokhtar a dressé, durant une intervention d'une heure, un tableau sombre du système éducatif national, estimant que l'école marocaine n'enseigne que des "futilités". Le ministre reconnaît que "cette situation ne peut plus perdurer". "La génération actuelle d'élèves est victime de décisions prises antérieurement puisque 76% d'entre eux ne maîtrisent ni la lecture ni l'écriture après les quatre premières années de leur scolarité", a-t-il regretté.L'ancien directeur de l'Université Al Akhayoune d'Ifrane a souligné que l'école marocaine était confrontée actuellement à trois problèmes majeurs: "le niveau de formation et de compétences du professeur, l'éthique et la gouvernance".Le journal rapporte que le ministre a suggéré, à cette occasion, une série de mesures à entreprendre d'urgence. Il s'agit notamment de veiller à ce que "l'élève sache lire, écrire et compter au bout de trois ans du cycle primaire, d'instaurer une meilleure méthode de notation et d'admission d'un cycle à un autre, de fusionner la formation professionnelle à l'enseignement classique et de valoriser l'enseignement des langues étrangères".Le ministre a aussi proposé que la durée de formation des professeurs soit portée à trois ans au lieu d 'un an actuellement.Enfonçant le clou, il a en outre fait part de tristes records, jamais égalés: 30.000 enseignants ont été intégrés dans le circuit de l'enseignement "sans aucune formation" et 40.000 autres n'ont toujours pas réussi l'examen de capacité, une épreuve devant pourtant couronner la fin des études dans les Centres pédagogiques régionaux (CPR).Lors de la même conférence, a poursuivi le journal, l'ancien ministre de la Culture, Mohamed Achaari a de son côté insisté sur l'aspect de la lecture. "La vie, a rappelé Achaari, se ressource dans la lecture, elle est plus présente dans la lecture que dans la réalité".Selon le poète socialiste -qui avait dirigé durant près de huit ans le département de la Culture, à partir de 1998- "l'un des vides dont souffre l'enseignement marocain réside dans la faiblesse des structures culturelles", comparativement à l'Europe.L'ancien ministre s'est appuyé sur des indications peu enviables selon lesquelles le Maroc ne produit que "vingt romans par an contre cinq cents ouvrages en France". "Avec ses 15.000 professeurs universitaires et ses 600.000 étudiants, le Maroc n'arrive à vendre que 600 exemplaires seulement par livre chaque année", a conclu Achaari.