Antiterrorisme: l'Etat veut pister les utilisateurs de Telegram et WhatsApp

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Revue de presseKiosque360. Le procureur général de Rabat cherche à convaincre les instances nationales et internationales et les géants des applications de communication de la nécessité de les aider dans la lutte contre le terrorisme en leur facilitant l'accès aux données personnelles de certains suspects.

Le 24/10/2016 à 00h02

La confidentialité des données personnelles contenues dans les différentes applications de communication est-elle menacée? C’est la quastion que se pose le quotidien arabophone Akhbar Al Yaoum dans son édition du lundi 24 octobre en titrant: «Le Maroc veut disposer des données personnelles des utilisateurs de Telegram et WhatsApp». 

En effet, le procureur général du roi près la cour d'appel de Rabat, Moulay Hassan Daki, essaie de convaincre l’État et les géants des réseaux sociaux, de la nécessité de permettre aux enquêteurs marocains d’accéder aux données personnelles des utilisateurs contenues dans les différentes applications installées sur les Smartphones, les tablettes, et même les PC. Il justifie cette intrusion dans la vie privée des gens par la nécessité d’améliorer les conditions de lutte contre le terrorisme.

Le Maroc n’est pas seul à formuler cette demande et se joint aux Etats-Unis, la France, l’Espagne et la Belgique. La France a d’ailleurs demandé une autorisation exceptionnelle pour percer l’intimité des personnes suspectées en accédant aux applications WhatsApp et Telegram.

Réunis jeudi et vendredi dernier à Paris, les procureurs généraux chargés de la lutte antiterroriste, Moulay Hassan Daki, le français François Molins, le belge Frédéric Van Leeuw et l’espagnol Javier Zaragoza ont conclu leur rencontre par une déclaration où ils affirment vouloir «unir leurs voix pour alerter les plus hautes autorités nationales et internationales ainsi que les sociétés concernées, notamment les opérateurs et les fournisseurs de logiciels informatiques, du danger du chiffrement des communications et du verrouillage des téléphones nouvelle génération, tablettes et ordinateurs».

Akhbar Al Yaoum précise que si le Maroc ou n’importe quel autre pays formule la demande d’accéder aux données personnelles à WhatsApp ou Telegram, le mieux qu’il puisse espérer recevoir est le numéro du suspect, sa photo et les destinations avec qui il communique. Le quotidien ajoute que les enquêteurs se procurent le contenu des échanges à partir des téléphones confisqués. Mais les choses se compliquent pour eux quand les suspects ne sont pas interpellés.

Même si les des procureurs généraux chargés de la lutte contre le terrorisme sont conscients que «la protection des données personnelles demeure un droit essentiel», ils refusent que cela soit utilisé comme argument par les sociétés internationales, car l’augmentation des menaces terroristes «justifie que les autorités judiciaires spécialisées aient, si nécessaire, dans le cadre de leur enquête (…) un accès aux données des personnes impliquées dans des crimes de nature terroriste».

Par Fayza Senhaji
Le 24/10/2016 à 00h02