L’ouverture d’une nouvelle page de la relation entre les Royaumes du Maroc et d’Espagne, concrétisée par la visite du chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, au Maroc et sa rencontre avec le Roi Mohammed VI le 7 avril dernier, n’est pas pour déplaire au général Félix Sanz, directeur du CNI de 2009 à 2019 et chef de l’état-major de l’armée espagnole de 2004 à 2008.
Au cours d’une conférence donnée récemment, l’ancien patron des services secrets espagnols a notamment rappelé que «dans le passé, Rabat nous a sauvés des inquiétudes qui provenaient de l’Afrique», faisant référence au rôle majeur joué par les services marocains dans la lutte contre le terrorisme et le démantèlement de réseaux jihadistes, que ce soit sur le continent africain ou en Europe.
Le général Félix Sanz a également indiqué que désormais, à la faveur de la bonne entente retrouvée entre Rabat et Madrid, «il y a une marge encore plus grande pour travailler avec le Maroc».
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Il faut dire que ces dernières années, la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), sous la houlette d'Abdellatif Hammouchi, a multiplié les actions efficaces sur le Vieux continent, permettant à plusieurs pays européens en général, et l’Espagne en particulier, d’éviter des bains de sang liés à des attentats terroristes. La plus médiatisée de ces actions est celle qui avait permis la localisation d'Abdelhamid Abaaoud, organisateur des attentats de Paris de 2015, suite à un renseignement émanant du Maroc.
Plus récemment, le 4 mars dernier, la DGST a fourni aux autorités belges des renseignements précis sur un citoyen belge d’origine marocaine, qui avait planifié des projets terroristes.
En Espagne, de nombreuses opérations de démantèlement de cellules terroristes et arrestations de jihadistes présumés ont bénéficié de l’aide précieuse des hommes de Hammouchi. Nous n’en citerons que les plus récentes. Le 3 décembre dernier, la police nationale espagnole annonçait l'arrestation à Tarragone, au nord-est de l'Espagne, d'un individu de nationalité marocaine pour son appartenance présumée à l'organisation terroriste Daech, suite à une opération menée conjointement entre la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), les Mossos d'Esquadra (la force de police autonome de la Catalogne) et le CNI.
En décembre 2020, une opération similaire impliquant la DGST avait permis l’arrestation d’un individu appartenant à Daech. Le mis en cause, d'idéologie takfiriste, adhérait pleinement aux postulats de l'organisation terroriste et procédait au recrutement continu de tiers à travers les réseaux sociaux.
Plus tôt en 2020, en mai précisément, la police nationale espagnole annonçait le démantèlement à Bolanos de Calatrava (Ciudad Real, centre de l’Espagne) d’une cellule jihadiste liée à Daech et l’arrestation de ses quatre membres, dont le chef présumé du groupe, en collaboration avec la DGST.
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Pour rappel, dès 2014, Abdellatif Hammouchi et d’autres responsables de la DGST avaient été décorés par le Royaume d’Espagne de la «croix honorifique de mérite policier avec distinction rouge». Un signe de reconnaissance «du rôle du Maroc en matière de paix et de sécurité dans le monde», et du professionnalisme et de l’efficacité de la DGST.
Le 23 septembre 2019, Abdellatif Hammouchi obtenait la plus haute décoration de la Guardia Civil espagnole, à savoir la «Grand-Croix de l’Ordre du mérite de la garde civile». Le ministère espagnol de l’Intérieur avait motivé cette haute distinction par «l’implication personnelle» du patron du pôle sécuritaire DGSN-DGST dans «la collaboration étroite» qui lie le Royaume du Maroc à l’Espagne.