Vendredi noir pour la population d’Ouargla, après la répression sanglante d’un sit-in de protestation contre le non-raccordement de la région de Taggourt, 160 km au nord-est de la Wilaya, au réseau d’alimentation en eau potable, ainsi que la non-attribution de parcelles de terrain promises par les autorités locales. Le premier bilan officiel fait état de deux morts tragiques et 35 blessés dont le sort reste, pour l'heure, inconnu. Les deux manifestants tués répondent aux noms de Toumi Meftah (24 ans) et Malki Noureddine (20 ans), selon la direction locale de santé et de la population (DPS) d’Ouargla, relayée par la presse algérienne et des chaînes satellitaires locales et arabes telle Arabyia.
Tout bien considéré, les deux morts déplorables et les 35 blessés (dont 9 policiers, selon la chaîne algérienne, Ennahar TV), se comptent parmi une jeunesse livrée en pâture au chômage et à l’incurie dans une région pourvue d’impressionnants gisements pétroliers et gaziers. Las des fausses promesses faites par les autorités, ils ont procédé à la fermeture à la circulation de la route nationale N3 en menaçant de faire exploser un camion de transport de carburant intercepté sur cette route.
Ouargla, la «Hogra» institutionnaliséeParadoxalement, c’est dans l’une des wilayas les plus riches de l’Algérie, considérée comme le cœur économique et le poumon de ce pays grâce au pétrole de Hassi Messaoud, que ces événements tragiques se répètent. Pour rappel, en août dernier, la misère sociale a poussé 5 jeunes à tenter un autodafé collectif, choisissant un symbole de l’injustice, le toit de la Wilaya d’Ouargla, pour mettre un terme à leur vie. Munis de bouteilles d’essence, ces jeunes ne demandaient pourtant qu’une audience avec le directeur de l’Agence nationale de l’emploi (ANE). Seulement voilà, cette ultime demande est restée lettre morte. Cette tentative d’immolation par le feu n’était pas la première. Selon un responsable du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC), sept autres jeunes chômeurs avaient tenté auparavant de s’asperger d’essence et se donner la mort au siège de la même wilaya pour dénoncer le manque de communication de la part des responsables.
Algérie, la paix sociale en danger
Pays croulant sous les pétro, que sait-on ?, les gazo-dollars, l’Algérie de Bouteflika a établi un système suicidaire : «Pétrole contre paix sociale». Un système, basé sur l’assistanat, à défaut de projets d’investissements réels pour créer des postes d’emploi et de la valeur ajoutée. Mais ce système semble aujourd’hui en cours d’essoufflement, en raison de la chute des cours de pétrole, l’exacerbation de la corruption endémique et surtout les douteux contrats d’armement passés par les richissimes généraux auprès des industriels de l'armement, la Russie notamment. Quand à cela, il faut bien ajouter ce drôle d’investissement dans l’appui fourni à la bande séparatiste du Polisario, la mobilisation de fonds impressionnants pour contrer les intérêts du royaume, on imagine mal comment ce pays peut s’en sortir. Et ce n’est surtout pas cette vacance du pouvoir, incarnée par un président à moitié paralysé, et qui se trouve dans l’incapacité flagrante à vaquer à ses occupations de président de la république algérienne, qui va sauver les meubles.