Algérie: quand les larmes d’Achraf Hakimi deviennent le seul réconfort du régime militaire

L'international marocain, capitaine des Lions de l'Atlas, a été gravement blessé lors du PSG-Bayern le 4 novembre 2025.

La blessure d’Achraf Hakimi, victime d’un tacle dangereux de l’attaquant colombien du Bayern Munich, Luis Diaz, fut un moment douloureux qui a profondément ému les téléspectateurs du monde entier… Sauf en Algérie, où cette blessure a donné lieu à des scènes de liesse.

Le 07/11/2025 à 15h22

La grave blessure subie par la star marocaine Achraf Hakimi, mardi au Parc des Princes lors du match qui opposait le Paris Saint-Germain au Bayern Munich pour le compte de de la 4ème journée de la Ligue des champions UEFA, n’était pas qu’un simple incident sportif comme il en arrive tous les jours. Pour les dirigeants de «l’autre monde», c’était l’occasion de décréter un «état d’urgence» de liesse et de célébrer «l’événement» de manière hystérique.

Tandis que les caméras captaient les larmes de Hakimi et la réaction de compassion humaine du public international face à ce douloureux moment, l’Algérie, pays de la «schadenfreude» (tendance à se réjouir en tirant plaisir du malheur d’autrui), a choisi de nager à contre-courant de toute morale. Elle a ainsi transformé la douleur du joueur en une «fête nationale» non déclarée.

Se réjouir du malheur d’autrui est un comportement contraire à l’esprit sportif et révoltant pour toute personne sensée. Pourtant, dans certains médias algériens, ce comportement s’est mué en une position de principe qui mérite d’être glorifié.

Des dizaines de personnes ont vite réagi, tambours battant, en célébrant le tacle assassin, qualifié de «sauvetage héroïque», comme si le joueur colombien, Luis Díaz, n’avait pas blessé un adversaire, mais plutôt «sauvé la nation algérienne d’une menace marocaine»! Ce niveau d’absurdité rabaisse les prétendus objectifs nationaux au niveau de la cheville d’un joueur de football. La «Médaille d’honneur» de Díaz. Les enthousiastes ne se sont pas contentés de simples commentaires abjects. Ils se sont aussi livrés à une surenchère et excellé dans l’idolâtrie du bourreau.

La situation a même frôlé l’humour noir lorsqu’une page a diffusé une image retouchée montrant le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, remettant la «Médaille d’honneur» au Colombien Luis Díaz, accompagnée de la phrase: «Tu mérites tout le bien, mon cher», comme si la «bonté» ne pouvait s’exprimer qu’en faisant du mal à autrui.

Une reconnaissance «de la part de l’Algérie… Merci, Luis Díaz». Tel est cet autre message qui s’est propagé comme une traînée de poudre, résumant parfaitement une scène d’animosité débridée, comme si Díaz avait accompli un acte héroïque méritant les éloges. Les réseaux sociaux ont même initié une campagne de solidarité avec l’auteur de la blessure. Un comportement inédit dans l’histoire du sport, confirmant que le but n’est pas ici la compétition loyale, mais bien une jubilation abjecte. Hakimi… «Un antidouleur» pour la junte militaire.

Cette explosion de joie hystérique, à la fois sarcastique et déplacée, qui a accompagné la blessure d’un joueur, dont le seul crime est d’être Marocain, révèle une crise profonde au sein du «système militaire» qui contrôle l’Algérie. Cette jubilation n’est pas une simple expression de colère sportive, mais un cri désespéré cherchant la moindre lueur ou soupçon de joie dans une réalité amère qui ne tolère plus les sourires sincères.

Le peuple, longtemps privé de la joie de la victoire en raison des troubles politiques et des politiques désastreuses du régime au pouvoir depuis des décennies, est poussé vers un réconfort éphémère dans le malheur de son voisin. En l’espace de deux jours seulement, le pays de la «force de frappe» a subi deux revers cinglants sur la scène internationale.

Le jeudi 30 octobre, l’Assemblée nationale française a voté la dénonciation de l’accord de 1968 accordant des privilèges spéciaux à la communauté algérienne. Ensuite, le lendemain, 31 octobre, est intervenu le coup de grâce asséné par les Nations Unies avec l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution historique 2797, qui consacre le plan d’autonomie sous souveraineté marocaine au Sahara comme la base du règlement de ce différend.

Lorsqu’un pays enchaîne tant de revers et ne parvient à remporter aucune victoire, ni intérieure ni extérieure, les «larmes de Hakimi» deviennent le seul événement «positif» à célébrer. Comble de la tragédie, la ferveur nationale se réduit à se réjouir de la souffrance du voisin au lieu de construire sa propre gloire. Un système en faillite à tous les niveaux. Au milieu de cette scène absurde, où certains sourient tandis que d’autres souffrent, une question reste en suspens: quel est le véritable prix de cette «joie feinte»?

Il ne s’agit pas simplement de se réjouir de la blessure d’un joueur, mais de la mise à nu de la «faillite en matière de réalisations». C’est ce qui a poussé certains milieux à rechercher la victoire en s’appuyant sur le voisin. Alors que le régime militaire pousse son sadisme jusqu’à instrumentaliser cette blessure auprès de son opinion publique pour glorifier à la fois sa «joie de faire du mal» et le prétendu «héroïsme de Luis Diaz», le Maroc poursuit le développement de ses institutions sportives et diplomatiques, fort du soutien de la communauté internationale, et de talents de renommée mondiale qui portent haut ses couleurs.

Hakimi finira par se rétablir et revenir sur le terrain plus fort que jamais. Mais cette «jubilation maladive» de la junte algérienne restera une caractéristique marquante et une preuve irréfutable que la défaite ne se mesure pas toujours au score, mais plutôt à la manière dont on se réjouit de la souffrance d’autrui.

Par Miloud Shelh
Le 07/11/2025 à 15h22