Un indicateur, et pas des moindres, sur la tension larvée qui empreint les relations entre Madrid et Alger, d'un côté, et les rapports déjà distordus entre Rabat et les autorités algériennes, de l'autre. En avril 2017, Alger avait en effet opposé un niet catégorique à l'accréditation de l'ancien ambassadeur d'Espagne à l'Unesco, l'écrivain José Maria Ridao, pour occuper les fonctions de consul d'Espagne à Alger.
Lire aussi : Pourquoi le Maroc est devenu la mauvaise conscience d'Alger
Cette décision, selon le quotidien "El Pais" qui rapporte l'information, n'a toutefois été motivée d'aucune raison objective par les autorités algériennes, si ce n'est la "ligne pro-marocaine" du diplomate espagnol.L'auteur du "Vide éloquent", livre consacré par José Maria Ridao à Albert Camus, était en effet un fidèle habitué du Maroc, et particulièrement de Marrakech où il venait assidûment rendre visite à son frère de plume et néanmoins ami Juan Goytisolo, décédé le 4 juin 2017.
Lire aussi : Alger convoque l'ambassadeur du Maroc
Début 2004, José Maria Ridao, alors ambassadeur d'Espagne à l'Unesco, était venu participer à un hommage à l'écrivain Juan Goytisolo, à l'invitation du département de langue et de littérature espagnole de la Faculté des Lettres de Rabat.
Lire aussi : Algérie, autopsie d’un régime malade du Maroc
"Cet hommage constitue pour moi la preuve d'un profond respect et une grande amitié que je voue à Juan Goytisolo. C'est une personne qui m'a beaucoup aidé, et à laquelle je dois énormément de choses en tant qu'écrivain, qui m'a donné la possibilité d'avoir une autre image de la culture espagnole et de lever le voile sur une énorme richesse qui était en voie de disparition", avait en effet témoigné l'écrivain Ridao, qui s'est illustré par ses fervents plaidoyers en faveur de l'Islam, notamment la séparation entre Islam et islamisme, et de l'ouverture sur le monde arabe.
Les affinités intellectuelles de José Maria Ridao avec Juan Goytisolo, ou encore sa passion pour le Maroc, devraient-elles constituer un motif pour le déclarer "persona non grata" par les autorités algériennes?
Venant d'Alger, qui a fait de l'hostilité anti-marocaine une ligne principale de sa politique extérieure, cela ne devrait que confirmer la règle. Une règle dont seul le régime voisin détient le secret. Bizarre!
