Contrairement à de nombreux autres secteurs et à la logique même de la nécessaire et incontournable modernisation, l’administration marocaine reste encore dépendante de «l’ancien sang», c’est-à-dire de certains cadres de valeur et compétences pointues, rattrapés par l’âge du départ à la retraite sans que leur relève ne soit assurée.
Ainsi, le quotidien Assabah, dans son édition du mercredi 9 octobre, s’est penché sur cette problématique, soulevée par de nombreux experts qui viennent de tirer la sonnette d’alarme, surtout à l’approche inexorable de l’organisation par le Maroc du Mondial 2030.
Cette alerte laisse jusqu’ici le gouvernement de marbre, s’étonne Assabah, surtout que de nombreux ministères se vident de leurs cadres au moment où le ministère de l’Intérieur continue, année après année, à accaparer l’essentiel du personnel de l’administration publique, dont la pléthore est visible à l’œil nu au niveau des collectivités locales.
De nombreux ministères, aussi bien au niveau de leur administration centrale que de celui de leurs services extérieurs, souffrent aujourd’hui d’un manque de cadres spécialisés, à l’instar des départements de la Santé, des Mines, de l’Equipement, dont une armée de cadres sont sur le point de faire valoir leur droit à la retraite, ou tout simplement au départ volontaire pour migrer vers le privé ou l’étranger, plus rémunérateurs.
Selon certains experts en administration publique, il est prévu, dans les cinq prochaines années, que de nombreux ministères se vident de leurs meilleurs cadres et hautes compétences, sous l’effet conjugué des départs à la retraite et la non-compensation par la création de nouveaux emplois dans le secteur public, dont la tendance est à la baisse drastique.
Cette tendance est clairement perceptible dans la nomenclature des budgets sectoriels de certains ministères qui ne consacrent que de très maigres postes budgétaires au recrutement de nouveaux cadres.
Cette année encore, le PLF 2025, qui doit être examiné à la fin de ce mois d’octobre par le Parlement en vue de son adoption, a laissé l’administration marocaine aux prises avec le vieillissement, et donc avec le vide créé par les départs à la retraite, sans que la relève ne soit assurée.
Ainsi, pour la période 2023-2027, il est prévu que 70.000 fonctionnaires de l’administration publique partent à la retraite. Un chiffre confirmé par les données de la Caisse marocaine de retraites (CMR) qui prévoit, pour les cinq prochaines années, le départ à la retraite de 64.979 fonctionnaires, dont plus de la moitié concerne deux ministères seulement, celui de l’Education nationale et celui de l’Enseignement supérieur, qui vont voir 14% de leur personnel, soit 33.017 fonctionnaires, atteindre l’âge légal de la retraite d’ici 5 ans.
Les fonctionnaires du ministère de l’Intérieur promis à la retraite durant la même période culmineront à 13.550 (12,9% du total), contre 5.637 pour le ministère de la Santé (9,76%) et 1.583 pour le ministère de l’Economie et des finances (9%). Enfin, le ministère la Justice verra le départ à la retraite de 13,26% de ses fonctionnaires.