On connaissait les rappeurs, les influenceurs et autres utilisateurs des réseaux sociaux qui font tout pour être en tête des tendances sur Internet. Aujourd’hui, on a un ministre, et non des moindres, dont les sorties fracassantes en font, malgré lui, la nouvelle star du net au Maroc.
Ce ministre, comme l’écrit Assabah dans son numéro du lundi 20 décembre avec un récit éditorialisé au ton quelquefois ironique, n’est autre qu’Abdellatif Ouahbi qui est à la tête du département de la Justice et qui est le secrétaire général du PAM, un des trois piliers de l’actuel gouvernement. Pour la publication, il ne fait aucun doute que le ministre est un adepte du «buzz politique», qu’il nourrit à travers les problèmes qu’il s’attire avec ses déclarations surprenantes.
Pourtant, à ce moment de l’année, tous les ministres du gouvernement, nouvellement élu, doivent généralement s’atteler à la préparation de leurs bilans des 100 premiers jours. Objectif: rassurer les électeurs quant à la confiance qu’ils ont placée en eux en présentant les principales réalisations de la période et annoncer de nouveaux projets et chantiers devant rythmer leur mandat. Ironiquement pour Assabah, cet exercice ne doit pas vraiment effrayer le ministre de la Justice qui n’aurait même pas à mobiliser les équipes de son cabinet pour préparer un bilan d’étape. Ses «réalisations» sont nombreuses et déjà toutes publiques. Il suffit de faire un tour sur les réseaux sociaux pour les connaître. Car en cherchant son «buzz politique», Abdellatif Ouahbi ne se voit freiner ni par son obligation de réserve, ni par les bonnes pratiques qu’imposent ses responsabilités ministérielles.
La dernière «réalisation» en date signée par le ministre de la Justice est sa sortie où il s’attaque aux Walis et Gouverneurs. Assabah rapporte, en effet, qu’Abdellatif Ouahbi s’en est pris cette fois-ci à certains avantages dont bénéficient ces derniers. En présence du ministre de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit, il s’est interrogé "comment les présidents des tribunaux, les procureurs généraux et les procureurs du Roi ont droit à des «voitures-carcasses», alors que les Walis et Gouverneurs ont le privilège de rouler en Mercedes et autres voitures de luxe". Selon le récit obtenu par Assabah de cet incident, le ministre de l’Intérieur, qui n’aurait pas vraiment apprécié ce questionnement, a répondu à son confrère que les "Walis et Gouverneurs n’ont pas non plus le luxe de pouvoir quitter leurs bureaux à 16h".
Pour le journal, cette énième polémique est une preuve que le ministre de la Justice ne tardera pas à chercher un nouveau sujet pour son «buzz politique». Un autre qui s'ajoutera à ceux déjà très connus, comme la désormais célèbre histoire des chaussettes, lorsqu’il s’en était pris à un responsable provincial lors d’une visite à Taroudant, ou encore lorsqu’il a déclaré vouloir présenter une demande pour gracier les détenus des événements d’Al Hoceïma.