Dans un article publié hier, mercredi 2 août, le site d’informations “Africa intelligence“ affirme que Huawei Technologies Maroc, filiale du géant chinois Huawei, «est en affaires avec le chef de la police Abdellatif Hammouchi». Et de préciser: «le chef de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a ordonné l’installation à grande échelle des systèmes de vidéosurveillance de Huawei (y compris la reconnaissance faciale) dans les principales villes du royaume».
Si “Africa intelligence“ ne se hasarde pas à fournir la source d’une affirmation aussi catégorique, un simple tour des principales villes du Maroc, disposant de la vidéosurveillance, apporte un démenti aux informations véhiculées par ce site d’information. En effet, à l’exception de la ville de Marrakech, dont la mairie a octroyé en marge des préparatifs de la Cop 22, en 2015, le marché de vidéo-protection urbaine à la société Huawei, en tant que mandataire d’un groupement (Huawei - AB Protection - Finetis), aucune autre ville marocaine n’a confié le dispositif de vidéosurveillance à l’entreprise chinoise. Donc, affirmer que c’est Huawei qui a équipé «les principales villes du royaume» de systèmes de vidéosurveillance est une erreur.
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Mieux: la plus grande agglomération au Maroc, celle où l’on recense le plus de caméras de surveillance, n’a pas fait appel à Huawei. Deux entreprises européennes ont en effet obtenu, tour à tour, le marché de la vidéosurveillance à Casablanca, lancé par la société de développement local (SDL) Casa-Transport. Il s’agit respectivement de la société espagnole Sice et de la société française Tactis. Ce sont ces deux sociétés qui ont mis en place le dispositif de vidéosurveillance à Casablanca et non Huawei Technologies Maroc.
De plus, les marchés pour la mise en place de systèmes de surveillance dans les villes sont lancés soit par les mairies, soit par les SDL. La DGSN n’a pas de mandat pour lancer ce genre de marchés. Pourquoi donc mettre en avant Hammouchi comme s’il passait son temps à négocier des contrats avec des entreprises? Pour information, Abdellatif Hammouchi ne dispose même pas d’un smartphone. Il fait partie des hommes-clés de l’Etat qui utilisent un téléphone chiffré. Un minuscule appareil, qui semble appartenir au siècle dernier, et qui répond au strict minimum d’une communication, loin de cette course effrénée à la technologie et à l’innovation, menée par Huawei et ses concurrents.
Abdellatif Hammouchi est le premier responsable sécuritaire du pays. Il n’est en affaires ni avec Huawei, ni avec toute autre entreprise. Les seules affaires dont s’occupe Hammouchi sont celles de l’Etat.