À Casablanca, le maire El Omari délègue même la «gestion» des morts

Abdelaziz El Omari, maire de Casablanca.

Abdelaziz El Omari, maire de Casablanca. . DR

Revue de presseKiosque360. Lors de la prochaine session du Conseil de la ville, le maire de la ville de Casablanca tentera de faire passer un projet d'accord qui instaure la gestion déléguée des décès.

Le 01/10/2020 à 19h49

À la mairie de Casablanca, on délègue tout… même la gestion des morts! C'est en tout cas le projet sur lequel planche Abdelaziz El Omari, maire de la métropole, et son équipe. Le maire de Casablanca souhaite déléguer la gestion administrative des décès à la société de développement Casa Prestations.

D'après Assabah, qui rapporte l'information dans son édition du vendredi 2 octobre, cela implique les procédures de déclaration et de constatation des décès ainsi que la délivrance des actes afférents. Soit des tâches finalement purement administratives qui relevaient jusque-là des prérogatives des présidents de commune. Or, la réglementation interdit aux sociétés de développement la gestion de ce type d’activité.

Mais cela ne semble pas freiner le maire et son équipe qui ont, selon Assabah, déjà préparé le projet d'accord qui devrait régir cette gestion déléguée. Et tant pis si cela n'est pas conforme aux dispositions réglementaires régissant les collectivités locales. Le projet d'accord a été présenté aux membres de la commission des équipements et du patrimoine au sein du Conseil de la ville, avant sa présentation au vote lors de la prochaine session prévue la semaine prochaine.

La même source ajoute que ce projet coûtera quelque 15 millions de dirhams à la mairie sur les trois prochaines années, avec des versements de 4,5 millions de dirhams à opérer dès les mois de novembre et décembre prochains. Concrètement, la mission qui devrait être confiée à la société de développement local l'autorise à superviser la police funéraire, une unité qui dépend de la police administrative. Elle aura aussi comme tâche la contractualisation avec les médecins opérant pour le compte de la mairie pour constater les décès et délivrer les certificats.

À la lecture du détail des missions que souhaite déléguer la mairie, Assabah fait remarquer qu'il s'agit en fait des activités où le maire a échoué à mettre de l'ordre depuis cinq ans maintenant, arguant un manque de ressources humaines qualifiées.

Reste à savoir si la prochaine session du Conseil de la ville donnera vraiment son feu vert à cette initiative inédite du maire. En tout cas, convaincre ses membres ne devrait pas être une tâche facile, au regard de l'opposition qu'a connue ce projet dès son passage en commission.

En effet, des détracteurs de ce texte, cités par Assabah, dénoncent déjà la «fuite en avant» du maire qui, selon eux, opte pour une solution de bricolage pour un problème structurel. Il est vrai que la mairie manque de ressources pour ce genre de mission, mais cela justifie-t-il de détourner les missions initiales pour lesquelles ont été créés les sociétés de développement? N'aurait-il pas été plus logique de défendre auprès du ministère de l'Intérieur l'octroi de plus de moyens pour gérer cette activité sensible? Ce sont en tout cas les questions que se posent les opposants à ce nouveau projet de gestion déléguée. 

Par Fayza Senhaji
Le 01/10/2020 à 19h49