Le débat sur l’art "propre" revient sur les colonnes de la presse marocaine. Après Latefa Ahrar, c'est cette fois-ci au tour de l’acteur et réalisateur Rachid El Ouali de se retrouver au centre de la polémique. Dans son édition de ce 18 décembre, le quotidien francophone de l’USFP, Libération, taille ainsi un costume à l’artiste dont la sortie du dernier film, "Ymma", est prévue prochainement dans les salles obscures. Le journal revient sur la sortie de El Ouali sur Attajdid, journal du PJD, daté du mardi.
L’éditorialiste de Libération estime à ce propos que l’acteur apporte son "soutien inconditionnel à l’art propre". Le journal, qui décrypte les déclarations de El Ouali à Attajdid, fait savoir que le réalisateur refuse de faire des films "bas", en soulignat qu'il est "fier" que ses films soient regardés par petits et grands. "J'ai le droit de tout dire, mais le respect est primordial", a souligné El Ouali à Attajdid. L'acteur estime que l'on peut aborder certaines questions sans pour autant recourir à un langage cru en montrant les choses telles qu'elles sont dans la réalité. El Ouali confie qu'il a été témoin à plusieurs reprises de réactions de familles choquées face à certaines scènes de films. Des scènes choquantes qui, malheureusement, remettent en question le message que veut véhiculer un long-métrage. Pour l'acteur, le public marocain est assez intelligent pour saisir des messages sans qu'il y ait besoin de recourir à des scènes choquantes.
L'art "propre" ou de l'art de museler la libertéEt Rachid El Ouali ne s'arrête pas là. Il évoque le Festival international du film de Marrakech qu'il critique vivement, lors même qu'il était habitué à en fouler le tapis rouge. Il accuse ainsi cet événement qui permet de croiser, chaque année, des regards de mondes, de promouvoir le dialogue et de faire rayonner la culture et le Maroc, de ne rien apporter aux artistes nationaux : " Il est temps que ce festival soit revue et corrigé. Il n'apporte rien au cinéma marocain", déclarera en effet El Ouala à Attajdid."Art propre", qu'est-ce à dire ? La mort de l'art ? Car il est donc sous-entendu qu'il exite un "art sale". Un art qui ne serait "sale" que parce que venu d'ailleurs ou à contre-courant de ce qu'on pourrait appeler la "bien-pensance". Qui serait "sale" parce qu'il bouscule lorsque là est, en réalité, le rôle et la force de l'art. Un espace sensible qui défie les frontières, le temps, le langage, pour les libérer et rendre l'homme à lui-même. L'interpeller. Le questionner. Redéfinir l'art d'une manière aussi inconséquente revient, au fond, à promouvoir une nouvelle idéologie dans la fixité de la pensée, une approche antynomique tendant à la paralysie de la liberté inhérente à l'expression artistique.