En tournée à travers la France pour présenter son nouveau spectacle, «Lui-même», Gad Elmaleh s’est livré à quelques confidences dans un entretien accordé au journal La Tribune. L’humoriste de 53 ans s’est notamment exprimé sur ses croyances religieuses, sa marocanité et sa vision de l’actualité politique en France.
Un melting pot confessionnel et culturel
Après avoir provoqué un certain émoi au sein de la communauté juive suite à la sortie en 2022 de son film «Reste un peu», dans lequel son personnage embrasse la foi catholique, Gad Elmaleh revient dans cet entretien sur ses croyances et sa pratique de la religion. Il confesse ne pas vraiment savoir s’il est pratiquant. «Le matin, je peux faire une prière “best of”, une prière juive suivie d’un “Je vous salue Marie”. C’est aussi le cas avant de monter sur scène. Je vais à la synagogue pour Kippour et chez mes parents pour le repas de shabbat. Il y a des chants arabes, parce qu’on est séfarades, et je dis quelques mots en français pour exprimer de la gratitude. Je vais parfois à l’église», résume-t-il ainsi.
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Et s’il lui fallait choisir une école de pensée, ce serait celle de l’islamologue marocain Rachid Benzine. «Je trouve inspirant ce qu(’il) développe», souligne-t-il, résumant sa propre pratique de la religion à de «la réflexion intellectuelle, de la méditation, une quête de compréhension».
S’il précise ne pas avoir pensé à se faire baptiser, comme dans son film, il n’en demeure pas moins que Gad Elmaleh revendique le fait d’être «plein d’autres choses». «Je suis né juif, dans un pays musulman, je vais à l’église et j’aime les agnostiques», clame-t-il.
Dans le même esprit, l’humoriste casablancais est fier de réunir dans ses salles, lors de ses spectacles, «autant de kippas que de voiles. Des cathos et des protestants aussi, même si on les repère moins!».
Son credo, qu’il répète à plusieurs reprises sur scène à l’adresse de son public: «La religion n’est pas votre identité.» À ses yeux, la chose est d’une haute importance car, insiste-t-il, «je ne veux pas être défini par ma croyance ou par mon appartenance à une communauté».
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Fruit d’une histoire multiculturelle, Gad Elmaleh le revendique fièrement: «Moi je suis né au Maroc, je l’assume à 1000%, je suis juif, je l’assume à 1000%. Et mon intérêt pour la religion catholique, je l’assume à 1000%. Même si cela ne plaît pas à tout le monde.»
Immigré marocain, ce statut qu’il préserve
Gad Elmaleh s’est ensuite exprimé sur «ce moment de panique politique» que traverse actuellement la France. Sur la question, Gad Elmaleh rappelle qu’ il faut être Français pour voter, or «je suis Marocain et Canadien». À ce titre, il se refuse donc à «faire la leçon aux électeurs français», bien qu’il «considère le vote comme un élément absolument indispensable». S’il pense à demander la nationalité française? Oui il y réfléchit, mais confie-t-il, «j’adore mon statut d’immigré. Et, comme mes parents, je suis infiniment reconnaissant envers la France, c’est elle qui m’a permis de travailler et d’avoir du succès. La seule chose que je n’ai pas, c’est le droit de vote. Ce qui ne m’empêche pas, à chaque fois, de me demander pour qui je voterais».
Son parcours d’immigré marocain issu d’une minorité religieuse influencerait-il son éventuel vote s’il était amené à être français, l’interroge-t-on. Une question pour laquelle il n’a pas de réponse, car «ce statut ne me définit pas en tant que citoyen», explique-t-il. «Mais aurais-je eu la même carrière si, à mes débuts en France, une politique extrémiste avait été mise en place?», se demande-t-il. Chose surprenante, souligne Gad Elmaleh, «c’est que beaucoup d’immigrés marocains –mon père le premier– pensent encore, après des années, qu’ils sont invités ici et qu’il faut bien se comporter envers notre hôte français, être discret et respectueux. Ce qui ne veut pas dire être soumis».