Pour Gad Elmaleh, marocain de confession juive, natif de Casablanca, «le vivre ensemble qu’on rabâche en France» le fait grincer des dents car de son avis, «oui, bien sûr, qu’on veut bien vivre ensemble, mais que tout à coup ça devienne un concept, non!», s’explique l’humoriste.
Et pour préciser le fond de sa pensée, Gad Elmaleh oppose l’exemple de son pays, le Maroc, à ce concept défini par le site de la plateforme de Paris, centre de réflexion et d'action sociale, comme «la capacité des individus à cohabiter harmonieusement ensemble au sein d’un environnement sain dans lequel règne une diversité sociale et culturelle».
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Dans ce Maroc où cohabitent depuis toujours des Marocains de confessions différentes, Gad Elmaleh explique qu’il a «vraiment vécu dans le vivre ensemble au Maroc entre les juifs et les musulmans, et ce n’était pas un point de départ, ni même un but, c’était la conséquence de notre cohabitation». «Jamais on ne s’est dit, quand on était petit: "eh venez les gars, on fait un truc, on vit bien ensemble, parce que vous, vous êtes différents de nous et nous de vous. Ça vous dirait qu’on s’unisse?"», a-t-il poursuivi sur un ton ironique.
Particulièrement irrité par ce concept brandi en France comme une solution au racisme grandissant et à l’exacerbation des tensions entre communautés, Gad Elmaleh évoque, dans cet échange avec i24, ce Maroc dans lequel il a grandi, où «il y avait le mellah, l’âge d’or du judaïsme marocain», rappelant qu’«il y a des saints juifs qui sont enterrés au Maroc et (qu’) il y a des gens d’Israël qui viennent les voir, (qu’) il y a des musulmans qui vont en Israël».
«On était là-dedans!», s’est-il exclamé en se défendant toutefois de vouloir dépeindre un tableau trop idyllique. «Est-ce qu’il y avait de la tension? Oui. Parfois c’était difficile? Oui», a-t-il ainsi ponctué, évoquant notamment les crispations que pouvait causer au Maroc le conflit israélo-palestinien. «Mais c’est pas genre tout est beau, tout est incroyable ou sinon c’est le vivre ensemble. C’est dans cette complexité qu’on vivait. C’est dans cette vérité qu’on vivait et pas dans le vivre ensemble», a poursuivi Gad Elmaleh avant de conclure par un conseil avisé: «Apprends à tes enfants qui sont ses voisins. Les musulmans, les juifs, les chrétiens, les protestants, qui sont à côté de toi. Explique-lui qui ils sont, d’où ils viennent et tu vas voir que plus tard, il va faire du vivre ensemble tout seul».