Vidéos. Russie-États-Unis: Poutine moque Biden, qui le traite de "tueur", et promet de défendre les intérêts russes

Le président américain Joe Biden, à la Maison Blanche, à Washington, le 15 mars 2021, et le président russe Vladimir Poutine, au Kremlin, à Moscou, le 5 mars 2020.
	 

Le président américain Joe Biden, à la Maison Blanche, à Washington, le 15 mars 2021, et le président russe Vladimir Poutine, au Kremlin, à Moscou, le 5 mars 2020.   . Pavel Golovkin, Eric Baradat / AFP / POOL

Le 19/03/2021 à 07h24

VidéoLe président russe Vladimir Poutine s'est moqué hier, jeudi 18 mars 2021 de son homologue américain Joe Biden, qui l'avait qualifié de "tueur", avant de réaffirmer que la Russie défendra ses intérêts face aux Etats-Unis.

Cette passe d'armes verbale semble précipiter la relation américano-russe dans une nouvelle spirale de tensions alors que, malgré leurs multiples désaccords, les deux puissances disaient, depuis le changement d'administration américaine, vouloir coopérer sur des dossiers d'intérêts communs.

"C'est celui qui le dit qui l'est !", a lâché Vladimir Poutine, selon des propos retransmis à la télévision russe: "Ce n'est pas juste une expression enfantine (...), nous voyons toujours en l'autre nos propres caractéristiques".

La veille, Joe Biden avait répondu par l'affirmative à un journaliste lui demandant si le maître du Kremlin était "un tueur". Des propos qu'il ne regrette pas, a indiqué hier, jeudi, sa porte-parole Jen Psaki.

"Nous défendrons nos propres intérêts et nous travaillerons avec (les Américains) aux conditions qui nous seront avantageuses", a insisté Vladimir Poutine.

Dans la soirée, il est revenu sur ces échanges pour proposer à son homologue "une discussion en direct" diffusée en ligne ou à la télévision vendredi ou lundi.

"Cela serait intéressant pour le peuple russe, le peuple américain et pour beaucoup d'autres pays", a-t-il déclaré à la télévision.

La Maison Blanche n'a pas répondu dans l'immédiat, Jen Psaki indiquant seulement que Joe Biden voyage vendredi et est "très occupé".

Au-delà de ces piques, Moscou a fait savoir que les remarques de Joe Biden étaient inacceptables à ses yeux.

Fait inédit depuis 1998, l'ambassadeur russe aux Etats-Unis a été rappelé pour des consultations sur les relations russo-américaines, plongées dans "l'impasse".

Selon l'ambassade russe, les "déclarations irréfléchies de responsables américains risquent d'entraîner l'effondrement de relations déjà excessivement conflictuelles".

"Prix à payer"Seul signe jusqu'ici de désescalade, le département d'Etat américain a assuré à l'AFP qu'il ne prévoyait pas de rappeler son propre représentant à Moscou.

Dans son entretien mercredi à la chaîne ABC, Joe Biden avait plus globalement tapé du point sur la table face au dirigeant russe, disant vouloir lui faire "payer" l'ingérence dans les élections américaines de 2016 et 2020, que Moscou dément.

Ces propos ont été qualifiés mercredi par le président de la chambre basse du Parlement russe, Viatcheslav Volodine, d'"insulte" aux Russes et d'"attaque" contre son pays.

Réaction étrangère, le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas a salué le "langage très clair" des Etats-unis à l'égard de la Russie tout en disant souhaiter "maintenir la fenêtre de dialogue ouverte avec Moscou", sur le désarmement ou le changement climatique.

Les relations russo-américaines et plus généralement russo-occidentales sont délétères depuis des années: annexion de la Crimée, guerre en Ukraine, conflit en Syrie ou l'empoisonnement puis l'emprisonnement de l'opposant Alexeï Navalny...

Coopération naissante menacéeDe multiples sanctions et contre-sanctions ont été adoptées en conséquence. Washington a annoncé mercredi encore qu'il étendait les restrictions d'exportation de produits sensibles vers la Russie, et menacé jeudi de sanctions "toutes les entités impliquées" dans le projet controversé de gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne.

Le G7 a lui de nouveau dénoncé "l'occupation" de la Crimée. Hier, jeudi, Vladimir Poutine s'est justement adressé à Joe Biden durant des évènements célébrant l'annexion de la péninsule ukrainienne en mars 2014: une visio-conférence avec des représentants locaux et un concert géant dans un stade.

Le président américain affiche depuis son arrivée à la Maison Blanche en janvier une grande fermeté à l'égard du Kremlin, contrastant avec la bienveillance souvent reprochée à son prédécesseur Donald Trump.

Mais la brusque dégradation des rapports russo-américains pourrait menacer la coopération naissante sur des dossiers d'intérêt commun, dont le meilleur exemple a encore été cité par Joe Biden mercredi: le prolongement du traité de limitation des arsenaux nucléaires New Start.

D'autres sujets sur lesquels Russes et Américains tablent sur des compromis sont le nucléaire iranien, les pourparlers en Afghanistan ou encore la crise climatique, selon Moscou.

Joe Biden a d'ailleurs lui aussi réaffirmé vouloir "travailler" avec les Russes "quand c'est dans notre intérêt commun". Mais la Maison Blanche a également insisté que son locataire n'allait pas "taire ses inquiétudes au sujet de ce qu'il considère être des actes néfastes".

Le 19/03/2021 à 07h24