Peu après minuit, les alertes à la roquette ont repris dans le sud du pays, mais aussi dans la métropole de Tel-Aviv et, pour la première fois depuis le début de l'escalade lundi, jusque dans le nord.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, cinq personnes ont été blessées quand une roquette s'est abattue dans un complexe résidentiel de Petah Tikva, près de Tel-Aviv, selon les secouristes.
Pendant ce temps, l'aviation israélienne frappait des positions du Hamas dans la bande de Gaza, micro-territoire palestinien peuplé de deux millions d'habitants et sous blocus israélien, ciblant entre autres des locaux liés aux opérations de "contre-renseignement" du Hamas et la résidence d'Iyad Tayeb, un commandant du mouvement.
L'aviation israélienne a pulvérisé une tour de plus de dix étages abritant des bureaux de la chaîne palestinienne Al-Aqsa, créée il y a quelques années par le Hamas. Le dernier bilan fait état de 67 morts à Gaza, dont 17 enfants, et près de 400 blessés.
Le mouvement islamiste avait annoncé mercredi le décès du chef de sa branche militaire pour la ville de Gaza, la principale du territoire palestinien, tandis que les services de renseignement intérieurs israéliens ont annoncé le décès de plusieurs autres ténors de l'organisation.
ONU"En représailles au raid sur la tour Al-Shorouk et à la mort d'un groupe de dirigeants", le Hamas a lancé mercredi soir plus d'une centaine de roquettes vers Israël dont plusieurs ont été interceptées par le bouclier antimissiles "Dôme de Fer".
Ces nouvelles frappes ont fait passer à environ 1.500 le nombre de roquettes tirées vers l'Etat hébreu depuis le début de la semaine par différents groupes armés. Et le bilan est passé à sept morts côté israélien, dont un enfant de six ans, Ido Avigal, et des centaines de blessés en un peu plus de deux jours.
Face à l'intensification des combats, une troisième réunion en urgence du Conseil de sécurité de l'ONU, publique cette fois-ci, est attendue ce vendredi 14 mai 2021.
Lors des deux premières visioconférences, tenues à huis clos, les Etats-Unis se sont opposés à l'adoption d'une déclaration commune pour faire arrêter les affrontements, la jugeant "contre-productive" à ce stade, selon des diplomates.
Washington a toutefois annoncé l'envoi d'un émissaire en Israël et dans les Territoires palestiniens pour exhorter une nouvelle fois à la "désescalade", tandis que Moscou a appelé à une réunion d'urgence du Quartet sur le Proche-Orient (UE, Russie, USA, ONU).
"Continuer" Mais le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui s'est entretenu au téléphone en soirée avec le président américain Joe Biden, a dit vouloir "continuer" à frapper et affaiblir les "capacités militaires" du Hamas.
Le président palestinien Mahmoud Abbas -qui siège en Cisjordanie, théâtre de manifestations, de heurts et d'attaques contre les forces israéliennes ayant fait trois morts mardi- s'est lui entretenu avec le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken mais pour lui demander de faire "cesser les attaques israéliennes".
De son côté, Antony Blinken a fait savoir dans un tweet qu'il lui avait signifié "la nécessité de mettre fin aux attaques à la roquette et de faire baisser les tensions".
Israël et le Hamas se dirigent vers une "guerre à grande échelle", a alerté l'émissaire de l'ONU pour le Proche-Orient Tor Wennesland: "Une guerre à Gaza serait dévastatrice et ce sont les gens ordinaires qui en paieraient le prix", dans ce territoire palestinien miné par un taux de chômage avoisinant 50%.
En coulisses, l'ONU, le Qatar et l'Egypte s'activent pour faciliter une médiation, le chef de la diplomatie égyptienne ayant contacté son homologue israélien pour tenter en vain de le convaincre de cesser les frappes.
Le Hamas avait lancé lundi une première salve de roquettes vers Israël en guise de "solidarité" avec les centaines de Palestiniens blessés dans des heurts avec la police israélienne sur l'Esplanade des mosquées, troisième lieu saint de l'islam et site le plus sacré du judaïsme situé à Jérusalem-Est, portion de la ville sainte illégalement occupée et annexée par par Israël selon le droit international.
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Si l'Esplanade des Mosquées semble avoir retrouvé son calme jeudi, de nombreuses villes en Israël ont, elles, été le théâtre "d'émeutes" nocturnes.
Des militants d'extrême droite ont manifesté à travers le pays, provoquant des affrontements avec les forces de l'ordre, et parfois des Arabes israéliens. La police a indiqué "réagir aux incidents violents dans plusieurs villes, notamment Lod, Acre et Haïfa".
Et le pays accusait le choc de la diffusion, en direct à la télévision du lynchage d'un homme, considéré arabe par ses agresseurs, près de Tel-Aviv. Ces images insoutenables montrent un homme sorti de force de sa voiture puis roué de coups par une foule de plusieurs dizaines de personnes, jusqu'à ce qu'il perde connaissance.
"Ce qu'il se passe depuis ces derniers jours dans les villes d'Israël est insupportable... rien ne justifie le lynchage d'Arabes par des juifs et rien ne justifie le lynchage de juifs par des Arabes", a déclaré dans la nuit Benjamin Netanyahu, disant qu'Israël était confronté à un "combat sur deux fronts".