"Un nouveau chapitre dans l'histoire de l'Espagne commence aujourd'hui", a déclaré Isabel Díaz Ayuso, 42 ans, devant une foule compacte réunie devant le siège de sa formation, le Parti Populaire (PP), dans le centre de la capitale espagnole.
"Car aujourd'hui, en partant de Madrid, du kilomètre zéro, nous allons retrouver la fierté (...) l'unité et la liberté dont l'Espagne a besoin", "les jours sont comptés" pour le gouvernement de gauche de Pedro Sánchez, a-t-elle ajouté, en affirmant s'adresser à tous les Espagnols.
Revers cinglant pour Pedro Sánchez, qui s'était investi personnellement dans la campagne, ce scrutin a fait une victime directe: le chef de Podemos, Pablo Iglesias, qui a annoncé son retrait de la vie politique après la déroute de la gauche.
"Quand on cesse d'être utile, il faut savoir se retirer", a dit Pablo Iglesias, qui avait quitté son poste de vice-président du gouvernement Sánchez pour mener son parti à la bataille dans ces régionales.
Cette décision marque la fin d'un chapitre pour la politique espagnole, dont l'ancien professeur de sciences politiques était l'un des principaux visages depuis la création de sa formation de gauche radicale en 2014 dans une Espagne plongée dans l'austérité.
Selon des résultats quasi définitifs, Isabel Diaz Ayuso, ferme opposante aux strictes restrictions sanitaires, a doublé son score du dernier scrutin régional de mai 2019, en totalisant plus de 44% des voix et 65 sièges sur 136 au parlement régional.
Le PP, qui dirige la région depuis 26 ans, ne disposant pas de la majorité absolue, il devra s'appuyer sur le parti d'extrême-droite Vox, qui soutenait déjà Isabel Díaz Ayuso depuis deux ans et a indiqué mardi soir qu'elle pouvait compter sur ses voix.
Arrivés en tête en 2019 dans la région, les socialistes (24 sièges) perdent 13 députés régionaux, tandis que la gauche dans son ensemble ne totalise que 58 sièges.
Malgré la pandémie, les plus de 5,1 millions d'électeurs se sont déplacés en masse, la participation étant estimée à 75%, soit une hausse de plus de 10 points par rapport au précédent scrutin.
Cette très forte mobilisation reflétait la portée nationale du scrutin, dont la campagne, très tendue, a été marquée par l'envoi de lettres de menaces de mort à des candidats contenant des balles.
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Le PP avait présenté cette élection comme une étape sur le chemin de son retour au pouvoir en Espagne.
"Aujourd'hui, Madrid a adopté une motion de censure démocratique" contre Pedro Sánchez, a lancé mardi soir son chef Pablo Casado, en parlant de "point d'inflexion dans la politique nationale".
A la tête du gouvernement espagnol de 2011 à 2018, cette formation, qui reste derrière les socialistes dans les intentions de vote au niveau national, en a été chassée par une motion de censure déposée par Pedro Sánchez suite à un scandale de corruption.
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Mais cette victoire à Madrid est avant tout celle d'Isabel Díaz Ayuso, qui avait fait de Pedro Sánchez son unique adversaire et avait pris pour slogan "Liberté".
Malgré les pressions du gouvernement central, cette tenante d'une ligne très droitière et populiste a toujours refusé d'imposer des restrictions strictes contre la pandémie afin de protéger les entreprises, notamment les bars et les restaurants, qui sont restés ouverts.
Une stratégie qui a porté ses fruits, sur fond de ras-le-bol d'une partie de l'opinion à l'égard des mesures anti-Covid.
Ses détracteurs mettent, eux, en avant la sombre situation sanitaire de la région de Madrid, qui, avec quelque 15.000 décès du Covid-19 sur un total de 78.000 pour toute l'Espagne et près de 700.000 cas sur un total de 3,5 millions, présente le pire bilan des 17 régions du pays.
Ce scrutin avait été provoqué par la décision surprise d'Isabel Díaz Ayuso de mettre fin à son alliance avec le parti de centre-droit Ciudadanos, qui a subi un revers historique et ne compte plus aucun député à l'assemblée régionale.