"Libérez les détenus", scande le cortège qui progresse sans incident dans les rues de centre d'Alger au milieu d'un fort déploiement policier, alors que les arrestations se sont multipliées en marge des dernières grandes marches hebdomadaires du vendredi.
Une trentaine de manifestants ont été récemment placés en détention préventive dans la capitale, pour avoir contrevenu à l'interdiction de brandir le drapeau culturel amazigh au cours des manifestations, une interdiction édictée par le chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah.
"Libérez Bouregaa!", scandent aussi les étudiants, à propos de Lakhdar Bouregaa, héros de la Guerre d'indépendance, inculpé dimanche d'"outrage à corps constitué et atteinte au moral de l'armée" et incarcéré, après des propos critiques contre le général Gaïd Salah, véritable homme fort du pays depuis la démission du président Abdelaziz Bouteflika le 2 avril.
"Où est la justice?", crient également les étudiants, dont certains arborent, peints sur les joues, le drapeau algérien sur l'une et sur l'autre la lettre Yaz ("Z") de l'alphabet tifinagh de la langue berbère, le tamazigh.
Tafissa Tabet, 19 ans, étudiante en anglais "dénonce la vague d'arrestations lors des précédentes manifestations": "on n'est pas à l'époque coloniale" durant laquelle l'armée française arrêtait ceux en possession de drapeaux algériens, "le drapeau berbère appartient à tous les Algériens".
"On veut qu'ils libèrent les manifestants qui n'ont fait que s'exprimer", déclare Yasmine Benarab, également étudiante en anglais du même âge. Autre étudiante, Lydia Ouchria dénonce "les tentatives de division qui n'aboutiront pas. Nous sommes tous unis pour la même cause, peu importe que l'on soit kabyle ou arabe".
De nombreux slogans visent également le général Ahmed Gaïd Salah, qui refuse avec acharnement depuis des semaines les revendications du mouvement de contestation dont l'Algérie est le théâtre depuis le 22 février: la mise en place d'instances de transition, débarrassées de tous les fidèles de Abdelaziz Bouteflika et chargées de réformer le pays avant la tenue d'une présidentielle.