"J'ai été arraché à ma famille et mes proches", a déclaré l'ancien capitaine d'industrie de 65 ans. Il s'exprimait pour la première fois depuis son arrivée le 30 décembre au Liban, devant un parterre de quelque 150 journalistes méticuleusement choisis par son équipe de communication.
S'il a prévenu qu'il n'était pas "là pour raconter comment (il) a fui le Japon", le récit de cette évasion rocambolesque tient en haleine les médias. L'odyssée a suscité l'ouverture d'enquêtes au Japon et en Turquie, où M. Ghosn, détenteur des nationalités française, libanaise et brésilienne, a fait escale.
"Je n'ai pas fui la justice, j'ai échappé à l'injustice et à la persécution", a-t-il martelé en anglais —après avoir également parlé en arabe et français—, affirmant se présenter devant les médias pour "laver son honneur".
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Considéré comme "présumé coupable", il n'avait pas "d'autre choix" que de fuir face à des accusations "sans fondements", a-t-il fait valoir.
Le magnat déchu de l'automobile avait affirmé à une chaîne de télévision américaine, en amont de sa conférence, posséder des "preuves réelles" montrant qu'on voulait le faire tomber au Japon et qu'il allait donner des noms.
M. Ghosn fait l'objet de quatre inculpations au Japon: deux pour abus de confiance aggravé et deux pour des revenus différés non déclarés aux autorités boursières par Nissan (aussi poursuivi sur ce volet), notamment des montants qu'il devait toucher après sa retraite estimés par la justice à 9,23 milliards de yens (74 millions d'euros) de 2010 à 2018.
Les autorités japonaises ont dénoncé une évasion "injustifiable", tandis que le groupe automobile Nissan l'a qualifiée d'"extrêmement regrettable".
M. Ghosn fait l'objet depuis la semaine passée d'une demande d'arrestation d'Interpol. Beyrouth affirme qu'il est entré "légalement" au Liban muni d'un passeport français.
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"C'est moi seul qui ai organisé mon départ", avait-il martelé.
A Beyrouth, des agents de sécurité privés étaient mobilisés devant l'élégante villa rose où il séjourne habituellement. Plusieurs voitures, certaines aux vitres teintées, y ont fait mercredi des allées et venues devant des journalistes aux aguets, dont des Japonais, selon un photographe de l'AFP.
Interpellé en novembre 2018 à la descente de son jet au Japon, l'homme d'affaires avait été libéré sous caution en avril 2019, au terme de 130 jours d'incarcération.
Assigné à domicile, il avait interdiction de quitter le Japon dans l'attente d'un procès dont la date n'a pas été fixée, ainsi que de contacter son épouse Carole, désormais visée par un mandat d'arrêt japonais pour faux témoignage.
M. Ghosn, ses proches et sa défense soutiennent qu'il a été victime d'un "complot" ourdi par Nissan, avec la complicité des autorités japonaises, car il s'apprêtait à organiser une fusion entre Renault et Nissan.
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Des procureurs ont tenté mercredi de fouiller les bureaux d'un de ses avocats, Junichiro Hironaka, et de saisir des ordinateurs mais l'accès leur a été refusé, les avocats invoquant la "confidentialité entre un avocat et son client".
Son équipe juridique en France a fustigé les accusations de Nissan, qui affirme avoir des preuves contre M. Ghosn, quelques heures avant la conférence de presse, qualifiant l'enquête du constructeur automobile japonais de "grosse déformation de la vérité".
Cette enquête "a été lancée et entreprise dans le but spécifique et prédéterminé d'écarter Carlos Ghosn", ont ajouté ses avocats dans un communiqué.
Carole Ghosn a elle assuré qu'elle n'était "au courant de rien" concernant la fuite de son mari.
"J'étais à Beyrouth avec mes enfants pour fêter Noël, quelqu'un m'a appelée pour me dire: j'ai une surprise pour toi", a-t-elle affirmé mardi au quotidien Le Parisien.
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M. Ghosn est soupçonné de s'être enfui en prenant un jet privé à l'aéroport international du Kansai, près d'Osaka (ouest japonais), avec deux complices présumés, de nationalité américaine, selon la télévision japonaise.
Il aurait échappé aux contrôles en se cachant dans un caisson de matériel pour des concerts, selon des médias japonais.
Le Liban, qui n'a pas d'accord d'extradition avec le Japon, a reçu une demande d'arrestation d'Interpol. M. Ghosn pourrait être entendu par le parquet général, comme l'impose la procédure, selon une source judiciaire.