Des scientifiques ont mené une vaste étude en mer Méditerranée, de Rome à Marseille, dans le cadre de l’expédition Med, un laboratoire citoyen dédié à l'étude de la pollution plastique en mer Méditerranée. Les chercheurs viennent de révéler leurs premières conclusions. Malheureusement, elles sont très alarmantes.
Ces résultats catastrophiques étaient prévisibles. Avec plus de 250 milliards de fragments de déchets plastiques accumulés en une dizaine d’années, la mer Méditerranée voit aujourd’hui croître en ses eaux de nouvelles bactéries et des virus pathogènes, tant pour l’homme que pour le règne animal.
Pire encore, selon cette étude, ces déchets micro-plastiques prélevés le long des côtes ne pourront pas se dégrader avant plusieurs centaines d’années. En effet, en étudiant leur composition, les chercheurs se sont aperçus que ces fragments étaient colonisés par un nouvel écosystème, lequel a vu le jour grâce à ces mêmes débris.
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"On s’est aperçu qu’il y avait un nouvel écosystème qui s’est créé par la présence de ces débris plastiques, qui ne se dégradent pas en mer et parcourent des milliers de kilomètres. Sauf qu’il peut potentiellement y avoir de gros soucis avec ces bactéries", explique Bruno Dumontet, directeur de l'Expédition Med sur la chaîne France 3.
Ces micro-déchets sont porteurs d’un véritable cocktail toxique, révèle l'Expédition Med, qui explique par ailleurs que des espèces invasives ou porteuses de maladies, voire dangereuses pour l’homme, ont déjà été retrouvées sur des fragments de plastique, à l’instar de la bactérie Vibrio, porteuse du choléra.
Il devient donc très urgent d’enquêter, insistent les scientifiques, notamment pour pouvoir déterminer jusqu’où la contamination des déchets plastiques peut potentiellement s’infiltrer dans la chaîne alimentaire.
Les bactéries du groupe Vibrio peuvent en effet causer des maladies gastro-intestinales chez les poissons, et donc potentiellement contaminer des élevages de poissons.
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"Une fois que les déchets sont en mer, c’est trop tard. Il faut vraiment stopper l’hémorragie à terre", conclut Bruno Dumontet.
Petite lueur d’espoir cependant, certaines de ces bactéries peuvent aussi se révéler potentiellement bénéfiques, notamment dans le processus de recyclage du plastique.